Le fait de désigner l’influence comme une nouvelle fonction stratégique marque une évolution dans notre conception de la posture de sécurité aujourd’hui nécessaire. Toutefois, l’influence ne se décrète pas, elle se construit et doit s’inscrire dans une démarche globale conforme à notre mode de gouvernance.
L’influence comme 6e fonction stratégique
Influence as a Sixth Strategic Function
The designation of influence as a new strategic function marks a development in our concept of the security posture we need today. And yet influence cannot be made to order: it has to be built, and needs to form part of an overall approach consistent with our form of governance.
Fin 2022, la marche chaotique du monde s’amplifie. La conflictualité se démultiplie et la mutation de la guerre dans ses diverses acceptions se poursuit dans ce « deuxième XXIe siècle » qui commence par les stigmates cumulés du Sras-Cov2 et de l’agression russe en Ukraine. « Le vieux monde s’en est allé, un nouveau monde est déjà né », dit le bibliste. En témoigne clairement l’adjonction d’une sixième fonction stratégique dans l’édifice complexe de la posture de défense de la France édifié après la guerre froide.
Les quatre fonctions initiales sont dérivées des réalités d’alors, le couple dissuasion et protection, c’est-à-dire la permanence défensive, et le couple prévention et intervention, c’est-à-dire la disponibilité offensive, des modes politico-militaires qui forment les quatre coins de la défense. Ils sont rejoints en 2008 par la fonction connaissance et anticipation à valeur de pilotage des quatre précédentes pour faire face à l’incertitude croissante. Et voici maintenant l’arrivée de l’influence pour « promouvoir et défendre les intérêts et les valeurs de la France ». Dans sa récente définition par la Revue nationale stratégique (1), il s’agit désormais de mieux intégrer les atouts stratégiques de la France à l’expression de sa puissance en une saison où la compétition et la contestation se durcissent, et où des manœuvres offensives dégradent la personnalité stratégique de la France et entravent sa liberté d’action.
Cette nouvelle fonction veut relever le défi du rapport de force dans le domaine désormais crucial des perceptions. On ne peut mieux manifester l’importance décisive de la guerre de l’information qui fait rage aujourd’hui. On comprend mieux avec ce nouveau front désormais bien identifié combien la planification stratégique est devenue une activité complexe et aux contours de plus en plus diversifiés (2).
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