L’UE s’est construite au fur et à mesure renforçant son approche autour de l’économique principalement. Cependant, peu à peu, la dimension géopolitique s’est imposée, obligeant les États-membres à accepter l’idée de puissance. Cela exige désormais de développer une vraie stratégie d’influence.
L’Union européenne au défi de sa stratégie d’influence
The European Union Faces the Challenge of a Strategy of Influence
The EU has been constructed step by step, strengthening its approach principally through the economy. That said, politics have gradually intervened, compelling member states to accept the idea of power. That now requires the development of a genuine strategy of influence.
À l’aune des nouveaux défis et de la conflictualité croissante des relations internationales, le président de la République Emmanuel Macron, présentant les conclusions de la Revue nationale stratégique 2022, a enjoint la France, mais aussi à mots plus couverts, l’Union européenne et ses États-membres, à revoir leur stratégie d’influence : il déclare notamment qu’il faut mener « une révolution copernicienne du mode de conception des conflits, de notre géopolitique et des révolutions aussi qui se sont fortement accélérées durant ces cinq dernières années sur le plan technologique et qui vont continuer de le faire. » (1).
Cette révolution copernicienne pour l’Europe, en quoi consiste-t-elle ? Tout simplement à mettre en œuvre et assumer collectivement une véritable stratégie d’influence. Mais si le Président français en a fait, depuis 2017, l’un de ses chevaux de bataille, c’est bien que la tâche n’est pas si aisée qu’elle n’y paraît. Car encore faut-il que l’UE ait vocation à devenir un acteur d’influence et que ses États-membres aient envie de la voir opérer cette transformation.
Avant d’aller plus loin, il convient de s’arrêter un instant sur une évolution sémantique notable : jusqu’à il y a peu, c’est le terme de « puissance » qui prévalait dans le vocabulaire français lorsqu’il était question de l’avenir de l’Union européenne – un terme qui se heurtait souvent à l’hostilité de nos voisins. Pourquoi ? Parce qu’historiquement, le mot de « puissance » renvoie l’Europe à ses heures sombres, aux velléités hégémoniques des Nations qui ont causé la mort de millions de personnes et durablement affaibli la solidarité européenne. L’idée de puissance européenne, même si elle a longtemps fait partie du discours français, trouvait donc peu d’échos en Europe. L’emploi du terme d’« influence » apparaît alors plus diplomatique, plus acceptable peut-être, plus contemporain sans doute.
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