L’aviation française a su construire son autonomie, s’appuyant sur une industrie de plus en plus performante. L’indépendance capacitaire ainsi acquise s’appuie aussi sur une interdépendance maîtrisée, que ce soit au sein de l’Otan ou dans sa dimension européenne avec une interopérabilité acquise et toujours développée.
Entre dépendance et indépendance : réflexions sur la puissance aérienne française
Between Dependence and Independence: Thoughts on French Air Power
French aviation has been able to develop its autonomy through the support of an increasingly high-performance aerospace industry. The independence in capability thus acquired has also drawn upon carefully-controlled inter-dependence within both NATO and the EU. Some interoperability has been achieved and is being developed further.
« Il faut refaire nos armées, sur terre, sur mer et dans les airs. Oui, des armées qui soient à nous (1). » Ce souhait exprimé par le général de Gaulle au début des années 1950 pose les jalons d’une série de questions qui animent encore aujourd’hui la réflexion stratégique. Les armées françaises sont-elles en mesure d’agir de façon autonome ? Doivent-elles au contraire composer avec une interdépendance sécuritaire pour atteindre l’état final recherché ? La puissance aérienne n’est pas étrangère à ces débats. La quête d’une indépendance anime même les premières heures de l’arme. Durant l’entre-deux-guerres, les aviateurs militent pour leur indépendance vis-à-vis des autres armées. Ce combat resurgit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en des termes renouvelés : autonome sur un plan organique, l’Armée de l’air souhaite désormais le devenir sur le plan opérationnel.
L’objet de cette étude est de montrer la relation qu’entretient la puissance aérienne française avec les notions, a priori antinomique, de l’indépendance et de la dépendance depuis les débuts de la guerre froide.
L’Armée de l’air en quête d’un outil autonome
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les réflexions sur le format de l’Armée de l’air sont marquées par la volonté de substituer aux appareils étrangers des modèles conçus et construits en France. Pourtant, le premier plan quinquennal de juillet 1946 se heurte à la dure réalité du tissu industriel d’après-guerre et oblige le nouveau plan pour l’aéronautique de 1950 à admettre la nécessité d’une aide alliée (2). Cependant, cette assistance militaire n’est perçue que comme temporaire, telle une première phase de dépendance consentie permettant, dans un second temps, d’atteindre l’indépendance aéronautique française.
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