Le soutien des opérations est une mécanique complexe mettant en œuvre de nombreuses fonctions indispensables pour assurer la logistique. Face à des engagements de haute intensité, une adaptation de l’organisation semble nécessaire avec également une simplification des responsabilités et des procédures, en assumant pleinement le rôle de nation-cadre.
L’intendance suivra ? Préparer le soutien des opérations à la haute intensité
We’re Right Behind You: Preparing Support for High-Intensity Operations
Operational support is a complex machine which involves many functions essential to logistics. In the face of high-intensity commitments the current organisation appears to need some revision, with simplification of responsibilities and procedures, so we may competently assume the role of framework nation.
Le soutien des opérations des armées françaises peut-il répondre à l’objectif fixé pour la décennie à venir par le Chef d’état-major des armées de « gagner la guerre avant la guerre tout en se tenant prêt à s’engager dans un affrontement de haute intensité » (1) ?
On parle indistinctement, dans les armées, de soutien ou de logistique tout en ayant souvent du mal à cerner les périmètres de chaque notion. Source de confusion supplémentaire, la définition civile de la logistique (2), complétée par la notion de « supply chain » (3) généralisée dans le secteur privé depuis les années 1990, n’épouse pas tout à fait le même contour. La Doctrine interarmées sur le Soutien des engagements opérationnels (4) (DIA-4) permet quelques clarifications. Elle distingue d’une part, la logistique militaire, qui regroupe neuf sous-fonctions : acheminements, Maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels, soutien pétrolier, soutien de l’homme, soutien médical, soutien munitions, soutien au stationnement, prévention et maîtrise des risques en opération, et condition du personnel en opération ; d’autre part, le soutien administratif militaire qui regroupe le soutien administratif proprement dit, le soutien financier et le soutien juridique (hors conseil juridique opérationnel). Les deux notions réunies forment le soutien. Celui-ci, « essentiellement interarmées » (5), est assuré par les directions et services interarmées qui peuvent générer un effet de masse et une spécialisation dans un domaine spécifique dont nous rappellerons l’intérêt par la suite. Une exception, le soutien des unités tactiques sur la zone d’engagement qui demeure une prérogative des armées afin que les moyens logistiques soient parfaitement intégrés à la manœuvre militaire. Sans retracer l’histoire des relations entre le soutien et les armées, il faut rappeler que l’interarmisation d’une grande partie du soutien, tendance apparue après la Seconde Guerre mondiale, s’est accrue durant la période de recueil des « dividendes de la paix » entre 1997 et 2014, dans un contexte de rationalisation lié aux coupes budgétaires.
Le soutien des opérations a pour objectif de répondre aux besoins d’une Force, d’en assurer l’autonomie afin qu’elle soit maintenue, ravitaillée et en état de combattre. Il peut ainsi être compris comme l’ensemble de la chaîne logistique « aval » des approvisionnements depuis les dépôts métropolitains jusqu’aux théâtres, ainsi que les prestations de service et les fonctions support associées sur le théâtre et rappelées dans la doctrine. Toutefois, sans les acquisitions de la chaîne « amont », cette chaîne du soutien des opérations s’arrête rapidement, a fortiori dans un conflit de haute intensité où la robustesse (6) de l’ensemble sera vite mise à l’épreuve comme en témoignent les multiples livraisons d’armement à l’Ukraine depuis le début du conflit.
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