Paradoxalement, ce fut Mikhaïl Frounzé, bien que non militaire au début du bolchevisme, qui inventa l’art opératif, apportant à l’Armée rouge une doctrine majeure qui lui permit de vaincre en 1945 l’Allemagne nazie. Visiblement, les leçons de l’histoire n’ont pas été retenues par le Kremlin au XXIe siècle.
Histoire militaire - Frounzé, le père de l’art opératif soviétique
Military History—Frunze, Father of Soviet Operational Art
It seems a paradox that it was Mikhail Frunze, who was not a military man at the beginning of Bolshevism, who devised the operational art which afforded the Red Army a major doctrine that enabled it to triumph over Nazi Germany in 1945. Clearly, the 21st century Kremlin has not learned the lessons of history.
Mikhaïl Vassilievitch Frounzé est un bolchevique de la première heure, un héros de la révolution et, certainement, avec le maréchal Toukhatchevski, l’un des théoriciens militaires soviétiques les plus brillants.
Né à Pishpek (Kirghizie) en 1885, Frounzé émigre à Saint-Pétersbourg où il prend part aux premières menées révolutionnaires. À ce titre, il participe, à Moscou, à la Révolution de 1905, à la tête d’un groupe de travailleurs. Il est ensuite nommé délégué du parti bolchevique, aux côtés de Trotski, Zinoviev et Lénine avec lequel il aura des discussions sur la nécessité de mieux organiser la lutte révolutionnaire. À compter de 1907, et jusqu’en 1915, il sera alternativement arrêté, puis condamné à mort, incarcéré, puis à nouveau condamné à mort, pour finalement, être déporté en Sibérie. Il s’évade, rejoint Moscou en 1916, puis Minsk en 1917 où il est chef d’état-major des troupes révolutionnaires qui y sont déployées.
En octobre 1917, il est à Moscou, à la tête d’un détachement de 2 000 hommes, avec lequel il s’empare de l’hôtel Métropole. Avec l’aide d’autres groupes venus en renfort, il s’empare du Kremlin. À la fin de l’année 1918, Trotski le place à la tête de la 4e Armée, et c’est le déclic. Sans formation militaire réelle, et avec une expérience pratique de la guerre plus que limitée, il se révèle un chef avisé et fait preuve de réelles qualités stratégiques. Il prend rapidement le commandement du Front oriental où il défait l’amiral Koltchak(1), avant de prendre le commandement du Front Sud où il bat le général Wrangel(1), ce qui marque la victoire bolchevique et la fin de la guerre civile, officiellement close le 16 novembre 1920.
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