À travers les livres - La morale d'Alfred Grosser
Seize ans après la sortie de son premier livre, L’Allemagne de l’Occident (Gallimard, 1953), Alfred Grosser a publié Au nom de quoi ? Fondements d’une morale politique (Seuil, 1969). Le thème de la morale, qui le préoccupait déjà depuis longtemps, ne l’a pas quitté depuis. Deux autres livres ont suivi, fortement marqués eux aussi par des considérations morales : L’explication politique (Colin, 1972) et La passion de comprendre (Le Centurion, 1977).
Le sel de la terre, Pour l’engagement moral, qui vient de paraître simultanément à Paris aux Éditions du Seuil et à Munich aux Éditions Carl Hanser (Der schmalle Grat der Freiheit) se situe dans le prolongement des précédents sans en être la répétition. La continuité, la fidélité et le renouvellement sont des qualités bien « grossériennes ». Il le rappelle en une phrase : « L’engagement pour les êtres ou pour les causes n’a guère de signification si l’idée ne se projette pas dans la durée ».
L’auteur s’est souvenu de la parole de l’évangile : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? ». Il y voit un constat et un encouragement pour tous les militantismes et tous les engagements. « Pourquoi, demande-t-il, attendrait-on que d’autres donnent de sa saveur à la réalité ? » Il invite ses lecteurs à être ni fades, ni moroses, mais à retrouver le sens de la joie et de la vie. D’une vie non pas « subie » mais « conduite » dans la direction que nous avons choisie de lui donner.
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