La Chine et la Russie veulent remettre en cause le système international jugé trop « occidentalo-centré » et dominé unilatéralement par les États-Unis. Certes, celui-ci fonctionne mal depuis déjà trop longtemps, mais les intentions des « révisionnistes » semblent conforter leurs ambitions et la pérennité de leurs régimes.
Le « système international » et les révisionnistes
The International System and Revisionists
China and Russia are posing a challenge to an international system they consider excessively centred on the West and dominated unilaterally by the United States. Although this system has for too long been functioning inadequately, the aims of the revisionists would appear to support Chinese and Russian ambitions and the durability of their regimes.
Ce matin, 6 février 2023, je lisais les journaux, comme tous les matins, et les articles en provenance de Kiev disaient que l’offensive des Russes dans le Donbass, pour autant qu’elle soit limitée au Donbass, aurait peut-être lieu dans les 10 jours qui viennent ou d’ici au printemps. Cela faisait la Une du New York Times ce week-end et c’était repris ce lundi matin par nombre d’autres journaux. Je me disais : voilà, des dizaines de milliers de jeunes gens vont mourir, Russes et Ukrainiens. Je vous rappelle les chiffres d’une année de guerre : sans doute déjà du côté russe 200 000 victimes, ça veut dire 120 000, 130 000 morts et, le reste, des blessés graves, amputés, traumatisés à vie. Côté ukrainien, sans doute aussi 100 000 morts, 100 000 jeunes gens et moins jeunes parce que Kiev mobilise aussi les gens qui sont d’âge plus mûr.
C’était relaté dans les journaux sans effet, sans lyrisme, pas pour faire pleurer mais comme une fatalité de la guerre, comme s’il n’y avait pas d’autres solutions, comme s’il n’y avait pas une mécanique, un système international de nature à empêcher cela. Donc, la guerre aura lieu, comme si on n’avait rien appris du XIXe siècle, rien de la première moitié du XXe siècle et rien de la seconde moitié du XXe siècle !
Et, pourtant, on a essayé, à chaque fois, de tirer les leçons du dernier conflit. Après la guerre de 1914-1918, puis après celle de 1940-1945. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on a établi ce que les Anglo-Saxons appellent volontiers « l’ordre libéral international ». C’est le système des Nations unies avec un Conseil de sécurité chargé du maintien de la paix, avec l’Assemblée générale qui, regroupant la plupart des pays, représentait le caractère universel de l’organisation – cette universalité fondant sa légitimité, une légitimité exclusive pour poser des normes, des règles et produire du droit international. À côté de cela, il y a aussi les institutions spécialisées de l’ONU pour la santé, l’éducation, l’enfance, le travail, la culture, etc. On ne parle jamais d’elles, mais elles marchent plutôt bien, mieux que le reste.
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