La sécurité nationale est en pleine mutation pour devenir globale. La compétition interétatique est désormais bousculée avec de nouveaux acteurs et des pratiques différentes. Cela oblige à revoir nos schémas de compréhension pour une gouvernance différente, remettant en cause l’idée de souveraineté.
Pour un apprentissage de la sécurité globale
A Lesson on Global Security
National security is being transformed into a global affair, and competition between states is being shaken up by the arrival of new actors and different practices. We need to revise the way we comprehend different forms of governance and question the idea of sovereignty.
Vieille de plusieurs siècles, la culture européenne, puis occidentale, de la sécurité est aujourd’hui défiée de manière particulièrement obscure. La tradition multiséculaire d’une « sécurité nationale », répondant à la menace que fait porter, sur chaque État, le voisin plus ou moins proche, est ébranlée de diverses manières, sans qu’on n’en prenne réellement conscience.
Non seulement, elle perd peu à peu le sens qu’elle revêtait autrefois, mais elle est aussi surclassée par l’apparition progressive d’une « sécurité globale », souvent ignorée, mal comprise et mal intégrée dans les politiques publiques étatiques. Encore faut-il, bien sûr, noter que la seconde n’annule pas la première et que leur logique ne se confond ni ne s’oppose. Hobbes, inspirateur de l’approche traditionnelle, n’est pas dépassé ni encore moins oublié : sa référence est simplement brouillée et recomposée, suscitant, chez les princes et les stratèges d’aujourd’hui, émois, craintes et une sourde hésitation liée à un conflit de rationalités qui rompt avec la simplicité d’hier, celle qui accompagnait le vieux schéma, réputé infaillible, réduisant les enjeux internationaux à une lutte infinie entre gladiateurs souverains.
Pour cela, on parlera ici d’un « apprentissage », celui d’une nouvelle grammaire de la sécurité dont la découverte incertaine mêle déni, peur du changement, résilience et sentiment d’impuissance. L’ancienne sécurité a l’avantage d’être connue, répertoriée, parfois même rassurante, et surtout d’adhérer intimement au jeu de chaque État : la menace qui lui était liée « faisait l’État », tandis que celui-ci créait à son tour l’insécurité qui lui permettait de s’imposer (Tilly, 1985)… On n’en est plus là.
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