La guerre n’est plus l’avenir de l’homme, mais elle existe encore et traduit les antagonismes entre des systèmes politiques et économiques de nature différente. La Chine et la Russie, par une vision biaisée de l’ordre international, vont à l’encontre d’une perspective d’ouverture et de progrès.
Le déclin de la guerre est-il une illusion ? De l’avenir de l’ordre international libéral
Is War on the Wane an Illusion? On the Future of a Liberal International Order
War is no longer man’s future but it still exists and results from antagonism between political and economic systems of differing natures. Through their particular view of the international order, China and Russia are swimming against the tide of openness and progress.
Le monde est-il vraiment en train de devenir plus pacifique et plus paisible ? La guerre en Ukraine repose cette question avec une vivacité nouvelle. Cette suggestion suscite indéniablement une incrédulité généralisée. Même avant ces dramatiques événements, les États-Unis et leurs alliés ont été régulièrement impliqués, au cours des dernières décennies, dans de sales guerres ici et là. En outre, la relative paix est largement imputable à une hégémonie américaine éphémère. Ne nous sommes-nous pas laissé séduire par la réémergence d’illusions anciennes, de nouveau dissipées par une résurgence de la Russie, par l’accession de la Chine au statut de superpuissance et par d’atroces guerres en Asie du Sud et centrale, au Moyen-Orient et en Afrique ? Au vu des menaces de guerre croissantes autour de Taïwan et en mer de Chine méridionale, et devant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les « réalistes » des théories des relations internationales ont pu relever la tête et asséner : « on vous l’avait bien dit ! » Pourtant, ils sont passés à côté de l’essentiel et comparent des oranges et des navets.
Le monde actuel est divisé en deux zones très distinctes : une « zone de paix » qui comprend tous les pays développés, ceux dont le PIB par habitant dépasse les 20 000 dollars grâce à des ressources excluant le pétrole et le gaz (qui ne sont pas des indicateurs de développement), et une « zone de guerre » qui comprend les pays en développement ou non-développés, ainsi que les pays en échec de développement, dont le PIB par habitant est plus bas, généralement beaucoup plus bas même, que ce seuil.
Développement et paix
La « zone de guerre » où les conflits et les menaces de conflits sont extrêmement présents, est bien connue. Elle part des frontières de la Chine (PIB de 10 000 $ par habitant) et de la Corée du Nord, traverse l’Asie du Sud et du centre, et le sous-continent indien, jusqu’au Caucase, aux frontières de la Russie (où le PIB/hab. fluctue en fonction des prix de l’énergie et où, dans tous les cas, il est relativement bas et dérivé de ces ressources), jusqu’au Moyen-Orient, à l’Afrique du Nord (quelques milliers de dollars par hab.) et à l’Afrique subsaharienne (très souvent quelques centaines de dollars par hab. maximum). Dans toutes ces régions, la guerre se déchaîne ou menace, principalement des guerres civiles mais également des conflits entre États.
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