Guerre ou paix, désordre ou ordre ? Quel équilibre nouveau ressortira de l’après-guerre en Ukraine ? De fait, la force est nécessaire mais sans justice, elle ne peut construire la paix, celle-ci exigeant davantage que la simple imposition d’un ordre par la coercition.
L’ordre ou la paix ?
Order or Peace?
War or peace? Disorder or order? What will be the new balance after the war in Ukraine? Whilst force may be necessary, without justice it cannot build peace, since peace demands more than the simple imposition of order by coercion.
Étrange anniversaire que celui du 24 février 2023. Un an après le lancement de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, le monde a retrouvé des aspects de guerre froide et s’interroge légitimement sur l’après-guerre. Et comme au temps des « pays non alignés », un certain nombre d’États observent en attendant peut-être de savoir qui sortira vainqueur. L’incertitude qui pèse sur l’issue du conflit alimente ainsi moult débats et émissions sur fond de spéculation pour l’avenir. Mais alors que tous s’interrogent sur l’identité des futurs vainqueurs ou vaincus, tous ne le font pas avec la même préoccupation. En effet, si quelques voix s’élèvent pour parler d’une paix future qu’il faudra quand même bien construire, d’autres, bien plus nombreuses, semblent n’avoir d’oreille que pour l’ordre mondial nouveau – ou non – qui pourrait naître à l’occasion (1).
Or, il faut sans doute s’inquiéter de ce que la notion d’« ordre mondial » soit plus présente dans les débats que celle de « paix ». Non pas qu’il n’en faille point, de l’ordre – on ne voit pas bien ce que serait une paix sans lui –, mais plutôt parce que l’on pourrait s’apercevoir à nouveau qu’il n’en faudrait pas trop. Car si la paix n’est pas sans un minimum d’ordre, elle a déjà montré qu’elle s’accommode mal avec lui lorsqu’il prend trop de place. Il n’y a qu’à songer aux fascisme, nazisme et communisme soviétique ou chinois sous Mao du siècle dernier pour avoir un aperçu de ce que « trop d’ordre » signifie. Ce que la notion d’ordre mondial – ici compris comme l’état de stabilité qui résulte d’un rapport de force – n’a jamais dit, ne dit pas et ne dira jamais, c’est précisément quelle notion de paix lui est associée.
C’est ce point particulier qui mérite d’être explicité, car il met en jeu deux notions, l’ordre et la paix, qui sont en rapport de dépendance sans être tout à fait équivalentes pour autant : la paix a besoin d’ordre mais elle ne s’y limite pas. Il faut donc s’interroger sur ce qui distingue ces deux notions.
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