La France a joué un rôle majeur dans la montée en puissance de l’Otan, sous la IVe République. De fait, elle était le principal pilier militaire européen. Ainsi, le maréchal Juin, AFCENT, disposait d’un commandement opérationnel majeur sous les ordres du SACEUR. Mais la question nucléaire allait accroître les difficultés.
Histoire militaire – La France et l’Otan (1/2) La France de la Quatrième, pilier de l’Otan
Military History—France and NATO(1/2) France Under the Fourth Republic—a Pillar of NATO
France played a major role in the build-up of NATO under the Fourth Republic. It was the main European military pillar and as such, under Marshal Juin as AFCENT, it held a major command responsible to SACEUR. Despite that, nuclear issues led to increasing difficulties.
Compte tenu de la décision du général de Gaulle de désengagement de la France du commandement intégré de l’Otan en 1966, il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, la place que la France tenait dans l’Otan, au moment de sa mise sur pied, et dans les années qui ont suivi. Et ceci est d’autant plus vrai que cette décision de retrait de 1966 a souvent été caricaturée.
La France, moteur et base de l’Otan
Cette importance de la position française n’était pas liée uniquement à des considérations géographiques, mais relevait d’une réalité stratégique. C’est la France qui a joué un rôle moteur dans la conclusion du Traité de Washington en 1949, qui a conduit à coupler, dès le temps de paix, la défense de l’Europe aux États-Unis, pour ne pas avoir à attendre comme dans les deux guerres précédentes, qu’ils entrassent à leur tour en guerre. C’est également Paris qui poussa les feux pour que cette alliance politique débouchât sur une organisation de défense collective : l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan).
Même en présence de la réalité de la menace soviétique, Londres se montrait toujours réticent à envisager une automaticité de sa participation à une bataille sur le continent. Cette position britannique n’évoluera que lentement. Quant à l’Allemagne, vaincue en 1945 comme rarement aucun pays ne l’avait été auparavant, si sa partie occidentale avait recouvré sa souveraineté dès 1949, elle n’en demeurait pas moins désarmée. Or, la première condition mise par les Américains à un potentiel engagement en Europe a justement porté sur la participation allemande. Comme toute idée de réarmement allemand trouvait la France sur une position de refus catégorique, il a fallu l’échec de la Communauté européenne de défense (CED, 1954) pour que, progressivement, ce réarmement allemand devînt réalité, mais fortement encadré. La Bundeswehr ne disposerait pas d’état-major central, d’où l’absence d’un Chef d’état-major général et la présence d’un simple « Inspecteur général » à sa tête. La crainte de la possible renaissance du militarisme allemand par la recréation d’un Grand état-major général était réelle et palpable très concrètement. C’est cette situation qui explique que les forces allemandes ne relèveraient pas d’un commandement national, mais seraient, en intégralité, intégrées et subordonnées à l’Otan. C’est au prix de ces concessions, que la France a donné son accord au réarmement allemand. Ce sont ces circonstances très particulières du réarmement allemand et la subordination à l’Otan de la Bundeswehr qui expliquent l’attachement de l’appareil militaire allemand à l’Otan, « ADN culturel » qui perdure encore de nos jours.
Il reste 83 % de l'article à lire
Plan de l'article