Parue en octobre 2021, la Vision stratégique du Chef d’état-major des armées ⁽¹⁾ fait le constat que « les stratégies nationales de puissance s’expriment dans un nombre croissant de milieux et de champs ». Longtemps cantonnée aux domaines terrestre, maritime et aérien, la conflictualité s’étend aujourd’hui au milieu cyber, à l’espace extra-atmosphérique, aux grands fonds marins, au champ informationnel et au spectre électromagnétique. Cet ensemble forme l’environnement multi-milieux/multi-champs des opérations.

Le théâtre d’opérations est un espace complexe, dont l’ensemble des composants et des acteurs (Politiques, militaires, économiques, sociaux, informationnels et infrastructurels ⁽²⁾) doit être finement étudié et pris en compte. L’analyse systémique de cet environnement opérationnel vise à identifier les leviers d’action qui permettront d’atteindre les objectifs fixés avec le maximum d’efficience (et surtout, avec le moins de pertes humaines possibles).

Un conflit de haute intensité comme la guerre en Ukraine montre que, face à un ennemi de force et de capacités symétriques aux nôtres, tous les milieux et les champs sont contestés, les nouveaux champs de confrontation (cyber, Espace…) ne se substituant pas aux espaces physiques traditionnels. Cette tendance à l’extension des milieux et champs de conflictualité présente des risques mais offre aussi des opportunités. En termes de risques, cette extension crée des espaces propices à la dissimulation, au contournement et à l’action dans des zones dites « grises » (on parle de stratégies hybrides). Pour ce qui est des opportunités, l’extension des domaines de la conflictualité permet de jouer sur de multiples leviers.