Longtemps mise de côté, l’étude géopolitique suscite désormais un réel intérêt de la part du grand public. Les bouleversements que nous connaissons depuis quelques années – et la guerre en Ukraine en est un exemple probant –, la transformation des acteurs et l’évolution des logiques de confrontation engendrent un réel besoin de comprendre le monde et les mécanismes qui l’animent. Cette nécessité d’appréhender les logiques aux fondements des rivalités de pouvoir ancre largement l’approche géopolitique pour étudier les conflits et les crises qui alimentent ces bouleversements.

L’engouement pour l’étude géopolitique semble aller de pair avec celui de la cartographie, qui se réinvente depuis une vingtaine d’années avec la multiplication des outils et la « démocratisation » du savoir-faire cartographique. En tant que représentation graphique d’un espace géographique, elle participe pleinement à l’approche géopolitique. Cette dernière étudie les rivalités de pouvoir sous l’angle du territoire et de sa géographie, mais aussi des différents acteurs qui y vivent et des représentations qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur environnement. La carte, par son aspect visuel, permet ainsi de matérialiser ces représentations souvent contradictoires et de les confronter, ce qui est particulièrement pertinent pour comprendre les logiques à l’œuvre.

Alors, outre sa pertinence d’un point de vue scientifique, comment la carte est-elle devenue un « indispensable » ? Dans quelle mesure la cartographie est-elle en plein essor ? L’importance croissante de la cartographie est-elle révélatrice d’une rupture sur la scène internationale ?