L’assassinat d’un candidat à l’élection présidentielle en Équateur cet été a marqué un tournant et une prise de conscience du défi posé par un trafic de cocaïne en pleine croissance. Les cartels s’efforcent de multiplier les axes logistiques notamment vers l’Asie, l’Équateur devenant une plateforme de transit à cause de sa façade maritime.
Amérique latine – L’Équateur et le défi du trafic de cocaïne en croissance
Latin America–Ecuador and the Stakes of the Growing Cocaine Traffic
The assassination in Ecuador last summer of a presidential election candidate was a turning point for the country and a recognition of the challenge posed by the rapidly-growing cocaine traffic. With the cartels making great effort to increase the number of their supply lines, to Asia in particular, Ecuador has become a transit base by virtue of its coastline.
L’assassinat le 9 août 2023, quelques jours avant le 1er tour de l’élection présidentielle en Équateur, du candidat centriste, Fernando Villavicencio, crédité de 13 % des intentions de vote et potentiellement présent au second tour du 15 octobre 2023, a été le révélateur d’une violence politique. Cette réalité marque un tournant dans ce pays andin. Cette violence tire ses origines dans le développement et l’extension régionale du trafic de drogue, et de la cocaïne en particulier. Les groupes locaux se livrent une lutte sans merci pour le contrôle de territoires et de ports, se donnant les moyens de répondre aux défis posés par une demande croissante. Élimination d’élus locaux (1) et de représentants de la force publique, pression sur la presse, etc. : toutes celles et tous ceux qui peuvent constituer un obstacle sont éliminés ou écartés. Ce pays et avec lui, la région andine, vivraient-ils un bis repetita des années 1980 (2) ?
Dans les faits, l’assassinat de F. Villavivencio a remis sur le devant de la scène une réalité qu’il n’est plus possible d’occulter : le nouveau développement dans cette région de la cocaïne et ses conséquences : instabilité interne, interrogation sur le schéma de sécurité nationale placé sous l’autorité des États concernés, risque de pénétration des structures étatiques obligées de « composer » ou mises à mal sous la pression des groupes illégaux. Ce sont ces interrogations qui se posaient déjà dans un débat a « mezza voce » après une série d’assassinats de responsables territoriaux désormais placés au premier plan. La dimension des enjeux et des sommes en question, dépasse largement le cadre national. Il concerne plusieurs pays qui ont un rôle précis dans la chaîne du trafic.
L’Équateur n’est pas producteur mais sa façade maritime avec des ports aussi importants que ceux d’Esmeraldas ou de Manta, offre un avantage certain dans « la panoplie d’exportation commerciale », de la cocaïne. En 2020, avant la crise liée à la pandémie de la Covid-19, 2 000 t avaient été produites (3) en Colombie, au Pérou et en Bolivie, un record historique dépassé depuis. Depuis, des voies d’accès vers les marchés nord-américains, européens et asiatiques sont apparues. Elles impliquent de nouveaux acteurs régionaux et contribuent à l’imbrication d’intérêts présents en Amérique latine.
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