Les 100 ans d’Henry Kissinger ont donné lieu à une manifestation à New York où se pressaient toutes les personnalités financières et politiques les plus influentes de la côte Est des États-Unis. Il ne s’agissait pas seulement de célébrer l’ancien Secrétaire d’État qui avait su conserver une audience inégalée – même si une partie de son héritage est contestée – dans un pays aujourd’hui profondément divisé. Dans le monde entier, y compris dans des pays à présent directement opposés à Washington, il faisait encore autorité.

Son dernier combat sur la régulation indispensable de l’intelligence artificielle, où il voyait un danger pour la stabilité future du monde, éveillait de multiples échos. Aussi, sa disparition le 29 novembre 2023 a été l’occasion d’un remarquable concours d’hommages internationaux, notamment à Pékin et à Moscou. L’Élysée, pour sa part, a célébré « un acteur et penseur de l’histoire américaine et mondiale dont la trace est encore présente dans l’ordre du monde » ⁽¹⁾.

À la Maison-Blanche et au Département d’État

Paradoxalement, Henry Kissinger n’a finalement exercé ses fonctions à la Maison-Blanche, puis au Département d’État, que pendant une relative courte période de 7 ans. Elle fut cependant marquée par une série inédite de réussites de la diplomatie américaine et de tournants historiques : rétablissement spectaculaire des relations avec la Chine, négociations sur la fin de la guerre au Vietnam, réussite de l’établissement des relations entre l’Égypte et Israël à l’issue de la guerre du Kippour en 1973, et engagement des négociations SALT avec Moscou, qui marquèrent le véritable début de la période de la détente. Peu nombreux au XX^e siècle peuvent se prévaloir d’un tel bilan. Nommé par Richard Nixon au NSC (US National Security Council) en 1969 (jusqu’en 1975), Henry Kissinger devient Secrétaire d’État en 1973 puis, au départ de Richard Nixon en raison du scandale du Watergate, il est maintenu dans ses fonctions par le président Gerald Ford jusqu’au départ de ce dernier en janvier 1977.