Si la France est membre fondateur de l’Otan (1949), sa relation avec l’Alliance est très différente de celle de l’Allemagne qui ne conçoit sa défense que par son intégration complète à l’organisation militaire. Paris a toujours privilégié son autonomie stratégique à la différence de Bonn puis de Berlin. Néanmoins, les deux puissances restent des partenaires indispensables.
Les approches différenciées de la France et de l’Allemagne envers l’Otan : un bref regard historique
The Different French and German Attitudes to NATO: a Brief Look at History
Although France was a founder member of NATO in 1949, its relationship with the Alliance is very different from that of Germany, which sees its defence only through total integration within the military structure. In contrast to Bonn, latterly Berlin, Paris has always favoured its strategic independence. The two powers nevertheless remain essential partners.
La France est l’un des douze pays qui ont signé le traité de l’Atlantique Nord à Washington le 4 avril 1949. Elle appartient donc aux membres fondateurs de l’Alliance atlantique, dont elle a encouragé la constitution, de même que la présence des troupes américaines en Europe. Elle contribue activement, notamment à la Conférence de Lisbonne en 1952, à la structuration civile et militaire de l’Alliance, que constitue l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Otan, dont elle accueille à Paris le siège. Elle ne se trouve cependant pas dans un contact géographique direct de l’Europe qui passe sous domination soviétique. Détentrice d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, elle est, par ailleurs, une puissance avec des intérêts mondiaux, encore en possession d’un empire colonial. Elle obtient ainsi l’inclusion des départements français d’Algérie dans le territoire couvert par l’Alliance.
La République fédérale d’Allemagne (RFA) adhère au Traité de l’Atlantique Nord en 1955, à la suite des Accords de Paris de 1954. Son territoire est le point central de la confrontation Est-Ouest, qui prend forme. Dès 1950, alors que débute la guerre de Corée, les États-Unis ont exigé le réarmement allemand, mais la France, craignant la résurgence de la puissance allemande, s’y est opposée. Elle a fini par proposer en 1951 la création de la Communauté européenne de défense, la CED, avec une armée européenne incluant des unités militaires allemandes et intégrée dans l’Otan. L’Assemblée nationale française a cependant refusé, en août 1954, la ratification du traité instituant la CED. Dès lors, l’adhésion de la RFA à l’Otan s’est imposée. Pour le chancelier Adenauer, le réarmement et l’adhésion à l’Otan signifient le retour de la souveraineté de l’Allemagne, la vaincue de la guerre. Les Accords de Paris mettent, en effet, fin au régime d’occupation et reconnaissent à la RFA la pleine autorité d’un État souverain, les « droits réservés » des trois Alliés occidentaux étant néanmoins maintenus pour l’Allemagne dans son ensemble et pour Berlin jusqu’à la réunification. En mai 1955, en réaction selon elle aux accords de Paris, l’Union soviétique fonde le Pacte de Varsovie.
Deux armées avec un rapport autre à l’Otan
L’armée ouest allemande est construite comme une armée de l’Otan, sous commandement direct de celle-ci et, jusqu’à la fin de la guerre froide, sans état-major général propre. En outre, la RFA s’est engagée à ne fabriquer aucune arme atomique, chimique ou biologique. Cette armée, sous le contrôle étroit du Bundestag, est destinée à défendre son territoire contre toute agression soviétique. Elle est en première ligne face aux armées du Pacte de Varsovie et n’a pas d’engagement militaire ailleurs. L’Otan, avec la présence sur son sol des troupes américaines, constitue pour elle une garantie de sécurité fondamentale.
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