Note préliminaire : Dans le cadre de la Conférence navale de Paris 2024, l’Institut français des relations internationales (Ifri) et l’État-major de la Marine (EMM) ont remis la première édition du Prix amiral Castex, récompensant un travail original sur la stratégie navale. L’article ci-après a reçu le 1^er prix. Le 2^e prix a été attribué au CV Thibault Lavernhe pour « Sur toute la rose des vents : un regard sur l’évolution du rôle du groupe aéronaval ». Le 3^e prix revient à M. Arnaud Valli, cadre dans l’industrie de défense et officier de réserve de la Marine nationale, pour « L’évolution du rôle du groupe aéronaval ».

Le 19 décembre 2022, depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, Emmanuel Macron déclarait que celui-ci « est un outil d’agilité stratégique ». Au-delà du porte-avions, le président de la République résumait les atouts que confère un groupe aéronaval à une nation, à la fois facteur de supériorité opérationnelle en mer, moyen de projection de puissance de la mer vers la terre, élément indispensable de la « grammaire nucléaire » ⁽¹⁾ et outil diplomatique incontournable.

Moins d’un an après, lors de la conférence inaugurale du Forum innovation Défense le 23 novembre 2023, le ministre des Armées Sébastien Lecornu rappelait que l’essor fulgurant des drones et de l’intelligence artificielle (IA) allait profondément modifier la nature du combat. Technologies duales, à la fois civiles et militaires, elles bouleversent déjà le monde du travail et interrogent la société dans son rapport à l’information au point d’évoquer une véritable révolution. En mer, cette bascule est théorisée par le capitaine de vaisseau Lavernhe qui la définit comme le 5^e âge du combat naval ⁽²⁾ : celui de la « robotique ». Les conflits en Ukraine et à Gaza ou encore l’emploi récent de drones iraniens et de missiles par les milices houthies contre les intérêts occidentaux en mer Rouge, attestent de cette bascule en mer.