Au terme de cette journée, je crois nécessaire de conclure sur la nécessité de bien comprendre le chemin accompli par l’Alliance atlantique depuis l’installation de son siège à Paris et les enseignements qu’il nous livre. Même si cette installation ne représente que quelques années dans la longue et mouvementée histoire de cette institution, force est de constater qu’elle aura marqué son époque, expliqué sa pérennité et légitimé sa présence sur le sol européen en même temps que son articulation avec d’autres organisations internationales.

L’Otan est tout d’abord caractérisée par sa résilience

Elle a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, en même temps qu’une série d’autres organismes toujours en activité. Parmi eux figurent l’Organisation des Nations unies (ONU), ainsi que l’Union européenne (UE), qui trouve son origine dans la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), créée en 1951. L’Otan a par la suite beaucoup évolué, surtout avec l’intégration des pays d’Europe orientale – des pays baltes jusqu’à la Bulgarie – et mené avec succès un grand nombre d’opérations et de missions, comme celle de ramener la paix dans les Balkans avec la signature des accords de Dayton fin 1995. Plus proche de nous, l’invasion de l’Ukraine par la Russie à partir du 24 février 2022 a non seulement rappelé l’utilité de l’Otan mais aussi scellé son unité, voire son élargissement possible à d’autres nations.

Ce succès peut s’expliquer par le fait que l’Otan est une organisation aussi politique que militaire. Depuis sa création, l’Alliance incarne l’équilibre entre les divers intérêts transatlantiques. Autrement dit, il existe une relation d’interdépendance entre la sécurité et la défense de l’Europe avec les besoins élargis des États-Unis en matière de sécurité. La stabilité européenne est essentielle pour les États-Unis, tandis que pour les alliés européens, les garanties de défense apportées par les États-Unis complètent leurs capacités militaires. Cette interdépendance signifie que l’Otan n’a jamais été un simple auxiliaire de la politique étrangère de Washington. Le leadership américain est certes une réalité, mais le processus de décision au sein de l’Otan est fondé sur la négociation permanente entre Alliés et, d’un point de vue formel, par la règle du consensus qui n’a jamais fait défaut.