La guerre cognitive (CogWar) est une réalité aujourd’hui et s’inscrit pleinement comme un mode d’action dans la crise. La Société militaire privée Wagner en a été une illustration en Afrique, permettant une déstabilisation des positions françaises. Il importe donc d’étudier ces nouveaux outils devenus incontournables dans la conflictualité moderne.
La SMP Wagner comme outil informationnel : entre Kill Chain, 6D et démultiplication des crises
PMC Wagner as an Informational Tool: Between Kill Chain, 6D and the Multiplication of Crises
Cognitive warfare (CogWar) is a reality and is today an acknowledged mode of action in a crisis. Through CogWar, the Wagner Private Military Company (PMC) destabilised French positions in Africa. It is therefore important to study these new modes of action, henceforth indissociable from modern conflict.
La Société militaire privée (SMP) Wagner est devenue célèbre il y a plusieurs années. Créée par Evgueni Prigojine, déclaré mort dans un accident d’avion en août 2023, cette SMP a rapidement grossi en Russie et a d’abord été connue pour ses activités de mercenariat et de sécurité au service de gouvernements, et doit être comprise comme faisant partie intégrante de la stratégie d’influence mise en place au service des objectifs géopolitiques et géoéconomiques du Kremlin en Europe, mais aussi sur le continent Africain.
En effet, alors que les activités militaires étaient largement exposées depuis l’invasion massive de l’Ukraine, la « galaxie Prigojine » a développé une composante informationnelle importante dont l’activité a été observée lors de plusieurs changements de régimes (au Mali, au Burkina Faso et au Niger, et précédemment, en République centrafricaine et au Soudan). Cette explosion des opérations d’influence a été facilitée par le développement des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et des Systèmes d’information (SI). En outre, elles peuvent s’accompagner de cyberattaques visant les systèmes d’entreprises ciblées pour leur intérêt stratégique ou pour leur poids économique.
Cette militarisation ciblant les cognitions des individus (civils, militaires, combattants ou décideurs) s’insère dans le cadre de la guerre cognitive (CogWar), étudiée et développée dans plusieurs pays, dans une approche offensive ou défensive. Notons que cette dernière a de nombreux avantages, que ce soit en matière de coûts financiers, de déploiement par l’intermédiaire de tierces parties comme dans le cas de Wagner, ou encore de modernisation du brouillard de la guerre qui rend les attributions des opérations d’influence particulièrement délicates. Ce dernier facilite d’autant le déni plausible. Enfin, une question concerne les méthodes employées par Wagner (et par les structures lui ayant succédé). Aussi, cet article analyse les contributions à la compréhension qu’offrent la Kill Chain utilisée en cybersécurité et le modèle de cyberdéfense 6D dans l’optique de la CogWar, en observant des opérations menées en Afrique, précisément au Mali et au Niger.
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