Il est aujourd’hui nécessaire de réfléchir à une flotte stratégique française armée par la marine marchande, d’autant plus que la France dispose d’armateurs de dimension mondiale comme CMA-CGM ou Bourbon. Il y a les bateaux mais aussi les marins. Une stratégie cohérente doit être définie, incluant cette dimension ressources humaines (RH) pour garantir son efficacité.
Vers une flotte stratégique française ?
A Future Strategic French Fleet?
There is a need today to consider a strategic, French-manned, national merchant fleet, especially since France has world-class shipowners, such as CMA-CGM and Bourbon. The ships are one aspect, but there are also those who sail in them: a coherent strategy needs to be defined which, to guarantee its effectiveness, includes the personnel dimension.
Il semble essentiel de donner des éléments de définition à la « flotte stratégique » dont l’appellation peut paraître aujourd’hui galvaudée, à tout le moins peu partagée. La flotte stratégique est devenue, au fil des ans, « l’Arlésienne du maritime ». Tout le monde est persuadé qu’elle existe mais personne ne sait exactement la définir. Pourtant, Arnaud Leroy n’est pas Alphonse Daudet. Et son texte de loi n’est aujourd’hui pas mis en œuvre (1). En tout cas, pas suffisamment.
Revenons donc sur son fondement. La stratégie est un terme militaire, un ensemble d’actions coordonnées pour atteindre un but précis. Elle se distingue de la tactique, dont la temporalité est plus court-termiste et dont l’essence évoque les moyens ou les outils pour mettre en œuvre la stratégie. Une flotte stratégique devient dès lors une flotte construite dans une ambition concrète ; celle de la souveraineté vraisemblablement.
Venons croiser l’enjeu de la stratégie avec celui de la souveraineté. Ils sont voisins en réalité. On entend le plus régulièrement la mention de la stratégie à l’appui de la notion de souveraineté. La souveraineté nous oblige aujourd’hui, et à tous les niveaux. Nombre d’actions se veulent promouvoir une démarche souveraine, par stratégie. La flotte, de commerce donc, en ferait partie. La souveraineté tire, dans ses racines latines, un caractère de supériorité. Elle illustre la possibilité pour un État de n’être contraint par rien, dans la limite du droit (2). Mais alors, la flotte de commerce devient, du moins peut devenir, un instrument de la souveraineté au service de la stratégie, il faut, là encore, la définir, et parler un peu de son histoire pluriséculaire qui consacre la France comme puissance maritime.
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