La guerre imposée par la Russie à l’Ukraine va à l’encontre des principes du droit international et de la morale. Pourtant, après plus de deux ans et demi de conflit, la sorte de crise passe par le réalisme. La difficulté est pour l’Ukraine de trouver une voie diplomatique lui permettant d’arriver à une issue conforme à ses intérêts.
La guerre russe en Ukraine : entre réalisme et morale dans les relations internationales
The Russian War in Ukraine: Realism and Morality in International Relations
The war waged by Russia against Ukraine goes against the principles of both international law and morality. Nevertheless, after nearly two and a half years of conflict the way out of the crisis has to be a matter of realism. The difficulty for Ukraine is to find some diplomatic solution that would offer a way out that suits its interests.
La guerre russe en Ukraine et ses implications mondiales plongent acteurs et observateurs dans des abîmes de circonspection et d’interrogations. À côté de la dimension purement guerrière du conflit, ce sont ses aspects éthiques et métaphysiques qui soulèvent des questionnements. Agressée sans aucune raison légitime, l’Ukraine tente de prendre la communauté internationale à témoin pour en obtenir un soutien moral, juridique et matériel alors que, à l’opposé, l’agresseur table sur une neutralité bienveillante de nombre d’États en déplaçant son argumentation sur le champ de la lutte d’influence contre l’Occident. Pour l’Ukraine, l’enjeu est quasi-existentiel, quand pour la Russie il s’agit de parvenir à ses fins géopolitiques de grande puissance.
Cette guerre n’est pas qu’une empoignade militaire. Les deux belligérants ne sont pas, ou plus, les seuls concernés mais ils sont devenus, au fil des affrontements, les pointes avancées et combattantes de deux camps qui structurent la communauté internationale. L’Ukraine, possible futur membre de l’Otan et de l’Union européenne, représente l’Occident ; la Russie, contestant son influence et militant pour un monde multipolaire, se pose en défenseur du « Sud global ». Le moindre des paradoxes n’est pas que la Russie agit comme puissance coloniale à l’égard de l’Ukraine et fait accroire qu’elle défend les intérêts d’anciens colonisés.
Dans le cadre de la guerre russe en Ukraine, cet article visite la dialectique du réalisme, ou principe de réalité, et de la perspective morale teintée souvent d’idéalisme. Le réalisme tend à affirmer « l’existence d’une réalité indépendante de l’esprit humain » alors que la morale constitue l’ensemble « des obligations ou des interdits que nous nous imposons à nous-mêmes » (1). Les deux notions s’opposent classiquement en ce que la première prend en compte les faits et les buts à atteindre, alors que la seconde incorpore la dimension humaine sous un angle parfois abstrait. Pour sortir du conflit, le recours combiné au réalisme et à la morale est-il hors d’atteinte, quand une partie semble agir hors de toute morale instituée et l’autre se retrouve rejetée dans le rôle de victime obligée ? Différents éclairages permettent de mieux appréhender la problématique.
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