La crise sanitaire de la Covid-19, puis la guerre en Ukraine ont mis en exergue le besoin de mobilité stratégique qui avait été oublié au nom des dividendes de la paix. Il est aujourd’hui essentiel de remettre à niveau cette capacité désormais indispensable. Cela exige de poursuivre la prise de conscience récente autour de la logistique en faisant mieux travailler tous les acteurs étatiques et privés.
La mobilité stratégique : garantie de la liberté d’action
Strategic Mobility: Guaranteeing Freedom of Action
The Covid-19 crisis and the war in Ukraine have highlighted the need for strategic mobility, an asset which had been somewhat forgotten in the name of peace dividends. It is today essential to recover this once again vital capability. This requires us to pursue the recent recognition of the essential nature of logistics and to create a better environment in which all state and private players may operate.
L’appareillage du groupe aéronaval vers des eaux agitées ou encore les exercices de type Pégase qui voient l’Armée de l’air et de l’Espace déployer ses moyens avec réactivité à l’autre bout de la planète, donnent toujours lieu à une médiatisation documentée qui met en lumière les capacités de projection de puissance de nos armées.
Dans un contexte de haute intensité, cette aptitude demeure cruciale pour protéger nos intérêts vitaux ou prêter main-forte à un allié. Le cas échéant, il faut également être en mesure d’exploiter ce coup initial avec un volume de force plus conséquent pour un engagement de longue durée. Si le conflit russo-ukrainien a replacé les notions de masse et d’endurance au rang des préoccupations majeures, il devrait tout autant éveiller les consciences sur la capacité à mouvoir les forces et leurs soutiens vers la zone d’engagement. Autrement dit, il convient de s’interroger sur l’impérieuse nécessité de disposer d’une mobilité stratégique (1) capable de répondre aux ambitions affichées en matière de projection de forces (2).
Ce sujet, encore trop souvent perçu comme « ancillaire et logistique », est une question d’efficacité, de crédibilité et donc in fine de dissuasion. L’adversaire doit être certain que nous pourrons agir quand et où nous le voulons, grâce à des moyens de mobilité stratégique dont l’emploi réactif est anticipé et garanti. Les choix capacitaires de ces dernières décennies, et les priorités budgétaires de celles qui s’ouvrent, ne permettront pas aux armées de disposer d’une mobilité stratégique majoritairement opérée en régie (3). Dans le cadre actuel de l’économie de guerre décrétée par le président de la République, il est urgent de mettre en place une dualité (4) réelle avec le secteur des transports civils, bien au-delà des seules notions d’externalisation et de réquisition. Cela suppose non seulement anticipation et innovation, mais également la volonté de surmonter certaines contraintes réglementaires.
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