La guerre de la Russie contre l’Ukraine s’inscrit dans un schéma complexe puisant ses racines dans une réécriture de l’histoire, délibérément assumée par le Président russe. Son objectif est quasiment messianique avec la volonté de retrouver la grandeur passée d’une Russie-Monde, toute puissante et respectée. Au nom d’une « fraternité russe », Vladimir Poutine veut incarner l’homme viril ayant redressé l’empire au mépris absolu du droit international et en voulant humilier son voisinage.
Guerre et P… À la recherche de la « Pan-Russie »
War and P’s… In search of the Pan-Russian Nation
Russia’s war against Ukraine is rooted in the complexities of a deliberate re-writing of history sponsored by the Russian President. The goal of his near-messianic project is to recover the past grandeur of an all-powerful and globally respected Russia. In the name of Russian fraternity, Vladimir Putin wishes to be seen as the macho man who re-established the empire in complete disregard of international law whilst at the same time humiliating his neighbours.
Lorsqu’Emmanuel Macron prononce son deuxième discours télévisé, le 16 mars 2020, déclarant la mobilisation face à l’épidémie de Covid-19, les nouvelles mesures adoptées et la guerre sanitaire à mener, il ne croyait pas si bien dire. Il utilise le mot « guerre » sept fois, tant pandémies et guerres semblent en fait aller de pair. En effet, s’il y a des guerres sans pandémie, il n’y a pas de pandémies sans guerre, que ce soit avant, pendant ou après. À chaque pandémie, un ou plusieurs conflits dans le monde sont soit sur le point d’apparaître, soit en cours, soit sur leur fin. La dernière observation est d’actualité, à savoir la pandémie de Covid-19, et l’opération militaire spéciale en Ukraine commencée en février 2022 (1). De la peste d’Athènes en 430 avant J.-C. à la pandémie de Covid-19, en passant par la grippe espagnole au début du XXe siècle, les exemples sont innombrables et jalonnent notre histoire (cf. annexe I) (2).
Le lien entre guerre et pandémie est connu et validé depuis longtemps : déplacement des troupes, promiscuité, famine, destruction des infrastructures médicales et sanitaires… ainsi que le souligne cette célèbre et antique litanie longtemps invoquée par les Chrétiens : « Fame, pestis, bello, libera nos domine » [de la faim, de la peste, de la guerre, délivre-nous Seigneur !]. Les conditions matérielles nécessaires pour nourrir cette relation sont certes évidentes et nécessaires, mais insuffisantes pour comprendre l’ensemble des dynamiques conscientes, mais aussi inconscientes, à l’œuvre. Le passage de la pandémie à la guerre est moins évident, sauf à imaginer que l’on déclenche une crise « maîtrisée » pour sortir d’une crise subie que serait la pandémie. Il s’agit alors d’un mécanisme psychique renvoyant à l’omnipotence du chef. L’exemple de la guerre en Ukraine provoquée par Vladimir Poutine, nous permet d’aller le plus en profondeur possible pour démontrer cette hypothèse.
Le Coronavirus (2019 à aujourd’hui) apparaît d’abord à Wuhan, dans la province de Hubei en Chine centrale, avant de se propager sur l’ensemble de notre planète. Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare que l’épidémie est devenue pandémie, entraînant près d’un demi-milliard de cas officiellement recensés, et plus de 6,5 millions de morts. L’OMS estime que le bilan pourrait être deux à trois fois plus élevé. En octobre 2021, la Russie doit faire face à une troisième vague particulièrement mortelle, contaminant rapidement une population très peu vaccinée. Le 24 février 2022 marque le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Aujourd’hui, la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine entraîne des conséquences mondiales.
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article