L’opération aéroportée visant à se saisir d’Arnhem en septembre 1944 fut conçue principalement par Montgomery, imposant alors ses vues à Eisenhower. Ce fut un échec tactique, s’inscrivant dans les difficultés des Alliés anglo-américains à définir une stratégie cohérente à l’issue de la bataille de Normandie. C’est une problématique récurrente des grandes coalitions avec la question du commandement.
Histoire militaire - Arnhem, septembre 1944 : conséquence de l’indécision stratégique alliée
Military History—Arnhem, September 1944: the Consequence of Allied Strategic Indecision
The airborne operation in September 1944 aimed at taking Arnhem was mainly planned by Montgomery, who imposed his views on Eisenhower. That it was a tactical failure stemmed from the difficulties of the Anglo-American allies in defining any coherent strategy after the Battle of Normandy. It is a recurring problem in large coalitions when matters of command enter the equation.
L’exploitation profonde de la victoire alliée en Normandie aurait peut-être pu conduire à une victoire décisive générale à l’Ouest avant l’hiver, mais elle se trouva contrariée par les choix stratégiques successifs et parfois contradictoires du général américain Eisenhower, Supreme Commander Allied Expeditionary Force.
Cette succession de décisions stratégiques débuta le 23 août par un arbitrage du SHAEF en faveur du général britannique Montgomery (maréchal le 1er septembre), à la tête du XXIe groupe d’armées britanniques [et canadiennes], partisan d’une puissante offensive sur un front « court » sur la direction la plus courte pour atteindre le cours inférieur du Rhin, en vue d’en déboucher vers la Ruhr, soit en direction de la Belgique et des Pays-Bas. A contrario, le général américain Omar Bradley, soutenu par son subalterne, le général George S. Patton (1), souhaitait planifier une offensive sur un front « large », en direction du Rhin moyen, par la Lorraine et le Palatinat. Son objectif final était identique à celui de Montgomery, déboucher du Rhin, en direction du cœur du Reich. Eisenhower donna donc la priorité au XXIe groupe d’armées, mais, au lieu de le renforcer de 10 divisions, comme le demandait Montgomery, il ne lui en affecta que 5, de sorte que la 1re armée américaine de Hodges couvrirait Montgomery sur sa droite. Le premier objectif fixé par Eisenhower à Montgomery était Anvers. En parallèle, Eisenhower autorisa néanmoins Bradley à poursuivre sa progression vers l’est. La première conséquence de cet arbitrage était que la priorité logistique serait, en toute logique, accordée au XXIe groupe d’armées.
C’est ainsi qu’après avoir franchi la Seine, Montgomery entra en Belgique et libéra Bruxelles, le 4 septembre. C’est alors que la machine alliée se grippa par des décisions malencontreuses.
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