L'auteur examine quels sont les besoins en transport aérien militaire, sur le plan tactique et sur le plan stratégique, et la situation telle qu'on peut la voir actuellement et en 1985, où elle sera caractérisée par une insuffisance dans tous les domaines. Les problèmes ne sont pas seulement techniques mais aussi financiers. Il est donc temps de mener des études en commun entre civils et militaires pour trouver les meilleures solutions technologiques qui concilieront économie et efficacité.
Aéromobilité et dissuasion : quel avenir pour un transport aérien militaire ?
L’équilibre de la terreur résultant de la capacité de destruction apocalyptique dont dispose chacune des deux grandes puissances nucléaires a permis jusqu’à ce jour d’éviter une catastrophe mondiale en limitant leurs interventions militaires à des actions indirectes. Ce parapluie nucléaire n’a pas empêché que se développent un peu partout dans le monde, des Malouines à l’Afghanistan, des « états de guerre » aussi divers dans leur origine que dans la nature des affrontements, qui vont du combat subversif avec des fusils de récupération, à l’engagement massif avec les armements les plus modernes. Ces guerres échappent à tous les moyens de contrôle internationaux, longs à déclencher, dont l’emploi comporte trop d’implications politiques pour les rendre rapidement efficaces.
C’est dans ce contexte menaçant que chaque État est amené à faire sa propre analyse, sachant que seule une volonté nationale, disposant de moyens adaptés à la satisfaire, peut lui permettre d’assurer la sauvegarde de ses ressortissants, de protéger ses intérêts économiques et de répondre aux appels à l’aide qui peuvent lui être adressés. La France n’échappe pas à cette situation qui l’a déjà conduite à acheminer en des points parfois très éloignés les moyens d’assistance ou d’intervention que nécessitait la situation du moment.
Engagée dans la voie nucléaire depuis 1958, elle s’est construite une force de dissuasion à trois composantes : pilotée, balistique terrestre et sous-marine ; puis elle a réalisé les armes nucléaires tactiques, expression ultime de sa volonté de défense avant l’engagement nucléaire massif sur des objectifs démographiques. Mais lorsque furent atteintes les puissances mégatonniques, le maintien de la crédibilité de nos forces nucléaires, face à une menace modernisée, nous a imposé d’une part de durcir et de miniaturiser nos charges, d’autre part d’accroître la portée et la précision de nos vecteurs, ce qui a nécessité de lourds investissements supplémentaires. Les crédits nécessaires étant prélevés à l’intérieur d’un budget militaire plafonné, il a fallu procéder à des abattements sur les programmes conventionnels qui ont dû être réduits ou étalés. L’armée de l’air a payé sa part de la facture en la prélevant sur ses programmes, pourtant prioritaires, d’avions de combat et en limitant ses ambitions en matière de transport à la seule relance de la chaîne Transall, sans étude d’un programme nouveau.
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