Éthique de la dissuasion nucléaire : l’Église catholique a changé
Le débat sur la justification éthique de la dissuasion nucléaire ne se réduit évidemment pas à ce qu’en disent les autorités catholiques. Néanmoins, on peut dire sans grand risque d’erreur que, parmi les institutions qui exercent dans nos sociétés une autorité morale influençant les opinions d’une grande partie de la population, il en est peu qui aient fourni depuis quarante ans un ensemble aussi important de documents de réflexion sur cette question.
Aussi, la très nette inflexion qui s’est produite dans le discours des autorités catholiques sur ce point depuis dix ans, et que l’on va retracer ici, mérite-t-elle d’être connue : il ne s’agit pas seulement de fournir une information qui est passée inaperçue ; il s’agit aussi de décrire une évolution dont on peut supposer qu’elle touche aussi des secteurs de l’opinion bien plus larges que ceux qui sont sensibles aux positions de l’Église catholique. Évolution qui n’a pas eu l’occasion de se manifester, mais qui pourrait apparaître au grand jour si une question touchant les programmes nucléaires militaires venait à être mise en débat sur la place publique.
Le 25 octobre 1993, l’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, Mgr Renato Martino, déclarait ceci : « L’idée que la stratégie de dissuasion nucléaire est essentielle à la sécurité d’une nation est la présomption la plus dangereuse qui se soit transmise de la période précédente à cette nouvelle période. Maintenir la dissuasion nucléaire jusqu’au XXIe siècle empêchera la paix plus qu’elle ne la favorisera… Elle est un obstacle fondamental à l’avènement d’une nouvelle période de sécurité globale » (Documentation catholique, 1993).
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