L'Europe de la défense
L’Europe de la défense part d’une réalité fondamentale : les Européens partagent de nombreux intérêts économiques, sociaux et de sécurité quotidienne. Ils partagent l’aspiration à une union de démocraties stables dans un environnement stable. Cet attachement a fondé la construction européenne depuis ses débuts ; elle anime aujourd’hui nos efforts en vue d’une défense européenne. C’est pourquoi en décembre 1998, à la déclaration de Saint-Malo, Britanniques et Français ont formulé des propositions communes, évoquant pour la première fois une « capacité d’action autonome » de l’Union européenne à gérer des crises.
L’engagement de nos autres partenaires a ensuite permis au conseil européen de Cologne, en juin 1999, de donner le coup d’envoi véritable du chantier de politique européenne de sécurité et de défense. Les Quinze se sont alors fixé l’objectif que l’Union européenne en tant que telle puisse intervenir, avec ou sans recours aux moyens de l’Alliance, pour défendre leurs intérêts de sécurité commune. À Helsinki, ils se sont engagés à en avoir non seulement la volonté mais aussi la capacité. Grâce à cela, depuis maintenant dix-huit mois, l’Europe de la défense a accompli des progrès spectaculaires.
La crise du Kosovo a été un facteur déterminant, nous permettant, à l’épreuve du feu, de prendre la mesure de nos profondes convergences et de notre solidarité pour agir ensemble, politiquement et militairement, avec nos Alliés, pour la défense de nos intérêts et de nos valeurs communes. Elle a également montré que les Européens, minoritaires dans l’action aérienne et majoritaires dans le dispositif terrestre, devaient consacrer de gros efforts à leurs capacités, nationales et collectives. Les pays qui composent l’Union se trouvent donc dans une situation où ils partagent un certain nombre d’intérêts vitaux et de valeurs, qui permettent de fonder une politique étrangère et de sécurité commune. Dans le même temps, cette position ne peut avoir de poids que si elle s’appuie sur des capacités militaires crédibles, qui sont aujourd’hui l’objet des efforts de l’Union européenne. Nous avons tous en mémoire les difficultés et les faiblesses qui ont marqué l’histoire de l’Europe de la défense. Mais je crois que nous nous trouvons aujourd’hui devant une situation plus favorable qu’auparavant. De surcroît, nous avons su avancer, en concertation avec nos partenaires européens, sur un certain nombre de sujets difficiles. C’est ce qui rend aujourd’hui possible une défense européenne qui ait les moyens de ses ambitions.
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