Devant la perte des valeurs traditionnelles à laquelle la société civile est confrontée, le citoyen ne trouve plus ses repères et assiste au triomphe de l’égoïsme et du chômage, constate la crise de l’autorité et le développement de l’assistanat, quand il n’est pas victime des perversions du progrès scientifique. Le militaire en est plus ou moins préservé. Il est toutefois soucieux des conséquences de la multiplication des opérations extérieures et de la professionnalisation sur le fonctionnement courant de son unité.
Amené à gérer des situations complexes dans des temps de plus en plus courts et avec un effectif de plus en plus restreint, le militaire n’a souvent pas d’autre solution que d’accorder une plus grande confiance à ses subordonnés dans l’exécution de tâches qu’il n’est plus en mesure d’effectuer seul. De nouveaux rapports de commandement s’instaurent donc entre chefs et subordonnés, qui s’apparentent dorénavant plus à du management. Associée à la restauration des valeurs perdues que les militaires ont su préserver dans leur service, cette responsabilisation de l’homme constitue une réponse adaptée aux interrogations de la société actuelle.
La culture d’autorité doit ainsi être restaurée au sein de la société civile actuelle et complétée par celle de la responsabilité, déjà partiellement mise en œuvre dans les armées où elle doit être reconnue en tant que telle.
Depuis des siècles, chaque génération considère que celle qui va lui succéder se fourvoie. Le souci commun de préserver l’avenir permet somme toute à la plus âgée de reconnaître les bienfaits du progrès et à la plus jeune de tirer les leçons du passé. Or, en ce début de XXIe siècle, l’inquiétude devant un avenir incertain est générale. En effet, nul n’est en mesure de dire où l’évolution inquiétante des mentalités et des mœurs va conduire la société française puisque certaines valeurs traditionnelles assurant le lien entre les générations sont remises en cause.
Il n’y a pas que la société civile qui se transforme. L’inquiétude règne aussi chez les militaires mais pour des raisons différentes. Bien que le modèle d’armée 2015 soit clairement défini, l’institution militaire doit toutefois en organiser l’application sans pour autant se couper du reste de la nation (1).
On peut facilement expliquer les causes profondes des appréhensions respectives et les lignes qui suivent vont s’y employer. À la lumière de cette nécessaire analyse, on montrera ensuite qu’une plus grande responsabilisation de l’homme dans la conduite de sa mission est une solution satisfaisante aux difficultés que rencontrent sociétés civile et militaire. Il est peut-être temps d’officialiser un phénomène qui se manifeste de plus en plus au sein des unités, de l’étendre au milieu civil et de compléter la culture, contestée, de l’autorité par celle, nouvelle, de la responsabilité.
Une société en mal d’équilibre
Les valeurs des militaires demeurent solides
Les relations hiérarchiques s’assouplissent naturellement
L’évolution intrinsèque des armées est une réponse appropriée aux difficultés actuelles de la société civile