Les aquariums de Pyongyang. Dix ans au goulag nord-coréen
Au lendemain des premières retrouvailles, en août 2000, entre familles coréennes après un demi-siècle de silence et au moment où, pour la première fois, un haut dignitaire nord-coréen rendait visite au président Clinton à la Maison-Blanche, il est intéressant de lire ce poignant témoignage d’un ancien rescapé du goulag nord-coréen. Kang Cho-hwan, originaire d’une riche famille de Coréens revenus du Japon pour « aider à la reconstruction de la patrie », a été interné au milieu des siens dès l’âge de neuf ans pendant près d’une décennie. Le camp d’internement de Yodok situé dans une zone montagneuse presque inaccessible est délimité par des barbelés sur les crêtes.
La famille de Kang est reléguée dans une cabine au sol en terre battue. Toute tentative d’évasion se solde par des exécutions publiques. Brigades de travail, autocritiques, mouchards, amours clandestines soldées par des avortements, chasse aux rats, survie dans des conditions inhumaines, c’est le lot d’encore près de 200 000 prisonniers estime l’auteur. Par la concussion et au prix de quels efforts, il est parvenu à s’évader en Chine puis en Corée du Sud où il a rebâti sa vie. Ce n’est somme toute qu’un témoignage, au jour le jour, qui est livré ici de la façon la plus simple, presque détachée, dont on ressent à peine l’horreur, auquel sont entremêlées de vagues considérations ou témoignages sur la société nord-coréenne, sa vie urbaine et scolaire, son organisation politique et sociale, dont on sait bien qu’elle demeure la plus impénétrable du monde. ♦