Cher porte-avions
Bien qu’il soit rédigé sous une forme volontairement impersonnelle et tant soit peu romancée, ce livre du capitaine de vaisseau Jean-Louis Thuille relate en vérité les souvenirs les plus marquants des quelque vingt premières années de sa carrière d’officier de marine, principalement celles qu’il a vécues à bord de nos porte-avions.
Le titre qu’il a choisi illustre bien l’attachement qu’il éprouve pour le porte-avions dont il est, de longue date, un inlassable promoteur et un vigoureux défenseur contre les campagnes de dénigrement dont ce type de bâtiment a souvent fait l’objet, malgré l’intérêt majeur qu’il présente pour l’efficacité de nos forces navales. Sans doute, de nombreux ouvrages ont-ils été déjà écrits sur l’histoire de ces navires très particuliers, leurs caractéristiques ou leurs installations d’aviation. Mais au-delà des aspects techniques et opérationnels qu’il évoque, l’auteur fait ressortir avec une grande justesse de ton les aspects humains et psychologiques de la vie que mènent à bord plusieurs centaines d’hommes, du commandant au plus modeste matelot, en passant par les équipages des avions embarqués, tous tendus dans l’action lorsqu’elle se déclenche, et se retrouvant simplement hommes en dehors de celle-ci.
S’y ajoutent un certain nombre de réminiscences sur d’autres événements parfois dramatiques que le commandant Thuille a vécus antérieurement : d’abord en 1941 à l’École navale alors repliée à Toulon ; puis en 1943, en s’évadant de France à travers les Pyrénées ; ensuite à bord de l’aviso La Grandière ; dans les écoles de pilotage et les flottilles de l’aéronautique navale, en Indochine, en Algérie et ailleurs.
Sur ce passé très divers, il jette un regard lucide et pénétrant, dans un style remarquablement fluide et clair, à travers lequel transpararaît une personnalité profondément humaine et généreuse. ♦