La force de frappe de l'Europe devait être sa monnaie commune, comme naguère le Mark l'avait été pour le nain politique ouest-allemand. Secrètement l'Europe rêvait de concurrencer d'emblée les États-Unis sur leur propre terrain, mais la réalité est tout autre : pendant près de deux ans, l'euro chuta de 1,1865 dollar à 0,8230. Face à une situation aussi imprévue, les hommes politiques, financiers et autres dirigeants s'employèrent, simultanément, soit à vanter les mérites d'un euro faible, soit à annoncer la remontée prochaine et espérée de la devise européenne.
Cette cacophonie désarçonne aujourd'hui l'opinion publique. La défiance reparaît, l'euroscepticisme marque des points. C'est au forceps que les projets naissent et à marche forcée, mais sans grand bonheur, que l'Europe avance. Le récent conseil européen de Nice, qui clôtura la présidence française, devait laisser un arrière-goût amer. Le sommet s'acheva sur un échec... malgré les communiqués officiels. Tout n'a pas encore perdu toute crédibilité, mais comment atteindrons-nous dans ces conditions un objectif commun lorsque nous serons... 35 ?