Le plateau du Golan (un millier de km2), relevant de la souveraineté de la Syrie mais occupé par Israël depuis sa victoire dans la guerre des Six-Jours (1967), constitue l'un des hauts lieux géopolitiques du Proche-Orient. Il alimente la rivalité entre les deux pays qui se combattent pour bénéficier de ses qualités géostratégiques et de ses richesses hydrologiques. Depuis un quart de siècle, le Golan, théâtre de violentes batailles au cours des deux guerres israélo-arabes de 1967 et 1973, est demeuré un espace de paix.
Sa vocation est celle d'un massif stratégique. Dépourvu de profondeur (sa largeur est comprise entre 12 et 25 kilomètres), l'essentiel de sa valeur militaire résulte à la fois de sa situation centrale au coeur même du Proche-Orient et de sa topographie de haut plateau ras et dénudé aux versants escarpés. Celui des deux pays, Syrie ou Israël, qui le possède menace l'autre. Depuis 1967, il est la pièce maîtresse du dispositif militaire d'Israël, bouclier offensif à l'Est où il domine la plaine de Damas, et barrière naturelle à l'Ouest où il protège la riche plaine côtière d'Haïfa à Tel-Aviv. Le mont Hermon qui lui est intimement lié au Nord domine de ses hauteurs (2 827 mètres) toute la région, de la Méditerranée au grand désert d'Arabie. Sur ses flancs qui offrent des observatoires incomparables, Israël a installé ses stations d'alerte avancée.
À la dimension stratégique, la question de l'eau ajoute au plateau du Golan et au massif du Hermon une dimension géopolitique liée à leur rôle de protecteurs d'une richesse naturelle, rare et infiniment précieuse. Ils constituent un véritable château d'eau qui alimente le Jourdain et le lac de Tibériade en Galilée, principal réservoir de l'État hébreu. Dans cette région semi-aride, l'eau est un enjeu vital et la prise de contrôle des territoires aquifères par Israël est autant contestée que son occupation des sols. La Syrie considère que l'eau du Golan, comme la terre, lui appartient.