Dictionnaire des relations internationales au XXe siècle
Alors que, comme le savent les lecteurs de cette revue puisqu’il leur a été présenté par le général Claude Le Borgne, vient d’être publié un Dictionnaire de Stratégie, établi sous la direction de Thierry de Montbrial et Jean Klein, sort en librairie ce Dictionnaire des Relations Internationales au XXe siècle, rédigé par une équipe de chercheurs, sous la direction du professeur Maurice Vaïsse, auteur d’un ouvrage bien connu sur Les Relations internationales depuis 1945, puisqu’il a déjà été réédité six fois.
Mais ce nouvel ouvrage ne fait pas double emploi avec les précédents puisque, d’une part, la stratégie se situe en aval de la politique et par suite de la diplomatie, et que, d’autre part, il s’agit cette fois d’un dictionnaire, qui met en avant, plutôt que les conflits, les traités qui les ont suivis, les institutions qui ont tenté de les prévenir, les événements qui ont modifié profondément les relations internationales, et les personnalités qui y ont laissé leurs marques. C’est ainsi, qu’il ne comporte pas d’entrées par « État ». car il ne prétend pas, non plus, être un dictionnaire de géopolitique, fonction que remplit déjà très bien celui d’Yves Lacoste.
Pour donner à nos lecteurs une idée plus précise des informations qu’ils pourront trouver dans le dictionnaire de Maurice Vaïsse, nous allons énumérer les entrées qui y figurent à la lettre A. Nous y relevons ainsi, pour les institutions : « Aide unique européenne (AUE) », « Association européenne du libre-échange (AELE) », « Agence pour le développement international (AID) », « Agence internationale de l’énergie (AIE) », « Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », « Alliance atlantique », « (Grande) Alliance », « Alliance pour le progrès », « Alliance Australian-New Zeeland-United States (Anzus) », « Asia-Pacific-Economic Cooperation (Apec) », « Arms Control », « Association of South-East-Asian Nations (Asean) », « Association de libre-échange Nord américain (Alena) », « Atlantique (charte de l’) ». Pour les événements qui ont modifié profondément les relations internationales sont citées, toujours à la lettre A, les entrées suivantes : « Anti Ballistic Missiles (ABM) », où est évoqué aussi bien le traité du même nom, que les projets américains de défense antimissiles de leur territoire national ; « Accra (Conférence d’) », au cours de laquelle les États africains ont commencé à prendre conscience de leur récente indépendance, « Agression », « Alexandrette (Sandac d’) », c’est-à-dire la crise provoquée par son rattachement à la Turquie, « Allemande (question) », « Alsace-Lorraine », c’est-à-dire la « question » du même nom, « Anschluss », « Anticolonialisme », « Apartheid », « Appeasement », « Armes nucléaires ». Pour les personnalités ayant particulièrement marqué les relations internationales, sont résumées les biographies de « Acheson (Dean) », « Adenauer », « Allende », « Arafat », « Attlee » ; mais que nos lecteurs se rassurent des Français sont cités ailleurs, et en particulier l’un d’entre eux à la lettre « G ». Quant aux conflits majeurs, figurent seulement à la lettre « A » : « Algérie (Guerre d’) », et « Aouzou (Bande d’) », dont le statut a provoqué les guerres du Tchad. Ajoutons que presque toutes les entrées comportent une bibliographie du sujet traité, mais limitée à un seul ouvrage ainsi considéré par les auteurs comme essentiel. Enfin le dictionnaire se termine par quelques cartes qui nous rappellent, notamment, les frontières en Europe à différentes époques du XXe siècle, et aussi celles qui ont existé dans la « poudrière des Balkans » et lors de la « partition en Afrique », et, pourrait-on dire aussi lors de celle d’« Israël-Palestine », sans oublier bien sûr celles résultant de l’« émancipation de l’Asie ».
Ce dictionnaire se présente donc comme un instrument de travail de premier ordre pour les chercheurs du XXIe siècle. Mais nous profiterons de cette note de lecture pour signaler aussi la parution de la dernière livraison de la revue Politique Étrangère, publiée par l’Ifri, puisque, dans un numéro double, elle relate également, « Cent ans de relations internationales ». Mais il ne s’agit d’aucune façon, là encore, d’une histoire événementielle présentée chronologiquement de ces relations, mais de leur relecture à partir des trois « clefs » suivantes : le « système international », ses « acteurs » c’est-à-dire encore les États, et enfin ses différentes « ruptures », depuis celle provoquée par la « Première Guerre mondiale », jusqu’à la « Révolution de l’an 1989 », qui « a marqué la fin d’un monde et la naissance d’un siècle » ; celui où nous entrons au moment où nous terminons la présentation de ces ouvrages, qui aideront nos lecteurs à établir leur synthèse personnelle, de l’histoire des relations internationales au cours du siècle qui s’achève. ♦