Pour l'Europe de la défense, la fin de la guerre froide change la situation du tout au tout. Après une phase dynamique marquée par les accords de Maastricht (1991) et la création d'un corps européen (1992), la défense européenne piétine. Le processus est relancé par l'initiative franco-britannique de Saint-Malo en décembre 1998. En deux ans des progrès considérables furent accomplis, aboutissant, au sommet de Nice en décembre 2000, à la mise en place d'une architecture institutionnelle pour traiter les sujets de défense et de sécurité. Au même moment, l'Union européenne adoptait des objectifs de capacité militaire. À terme, sa crédibilité militaire sera proportionnelle à son niveau d'autonomie. Concrètement, cela exige qu'elle se dote progressivement des moyens de renseignement, de planification, de commandement et de contrôle, qui lui font aujourd'hui défaut. La réussite de l'Europe de la défense implique une bonne coordination « interpiliers », de façon à permettre la conjugaison harmonieuse des instruments civils et militaires de gestion de crise. En outre, la mise en oeuvre de l'Europe de la défense passe aussi par les relations et les arrangements que l'Union et l'Otan établissent puis développent. Dans l'immédiat, il faut en avoir conscience et s'y préparer, le sort de la défense européenne risque d'être largement déterminé par le premier emploi en opérations d'une force dirigée par l'Union. Celle-ci fera véritablement précédent, or jusqu'à 2003 ses marges d'action restent étroites et les moyens comptés.