Le Conseil européen de Nice, comme la Conférence intergouvernementale (CIG) dont il conclut les travaux, a permis de vérifier qu'il y a indubitablement un réel besoin de « plus » et de « mieux » d'Europe. Partout, les commentaires de la classe politique et de la société civile appellent à une initiative politique forte en faveur d'une véritable relance du projet européen, voire d'une réforme politique et institutionnelle de l'Union.
Le présent article dresse une esquisse des difficultés qui subsistent au sein de l'Union européenne et qui lui interdisent encore d'affirmer son identité, d'approfondir son projet intérieur et de donner à sa vision du monde le prolongement politique qu'elle appelle. Il propose un éclairage sur les éléments du débat qui prend place aujourd'hui en Europe sur la finalité de l'Union et examine les quelques initiatives politiques lancées au cours de l'année 2001 qui, par anticipation, participent du processus « constituant » qui devrait être officiellement lancé à l'issue du Conseil européen de Laeken, en décembre prochain.
Le sommet européen de Nice a créé une inquiétude chez tous ceux, nombreux en France et en Europe, qui souhaitent que le projet européen reprenne toute sa place dans la vie de l’Union. La revue Défense Nationale s’en est fait l’écho en y consacrant plusieurs articles depuis le début de l’année 2001.
Alors même que le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement ne cesse d’affirmer que l’Union européenne (l’UE) n’entend pas abandonner à d’autres pôles régionaux le monopole des débats inlassablement ouverts sur des questions aussi essentielles pour elle-même que pour le reste du monde, qu’il s’agisse de l’émergence de systèmes de gouvernance (1) mondiale économique ou de droit international, de la consolidation des grands équilibres géostratégiques en termes de stabilité et de sécurité, du terrorisme, de la criminalité organisée, des enjeux environnementaux ou encore, du développement durable des peuples, Nice a fait la démonstration de son incapacité politique et structurelle de donner corps à un tel projet.
L’évidence est là. Elle n’a pas su, probablement pas pu, voire pas voulu, se bâtir comme entité juridico-politique d’intermédiation entre les niveaux étatique et international, dotée des attributs nécessaires à l’affirmation comme à l’exercice légitime de ses droits, voire de sa puissance.
De l’urgence de la réaffirmation publique d’un besoin d’Europe bien compris
L’Union européenne : son identité, son projet intérieur et sa vision du monde
Le débat sur la « refondation » de l’Union
Quelles initiatives politiques ?