Les difficultés rencontrées par l' US Army lors de son déploiement au Kosovo, avec notamment le relatif échec de la Task Force Hawk, organisée autour des hélicoptères de combat Apache, ont conduit le général Shinseki, alors nouveau chef d'état-major de l'armée de terre, à proposer un processus de modernisation et de restructuration de l'US Army en octobre 1999, pour « refonder » l'armée de terre et lui redonner un rôle stratégique majeur, alors que l'US Air Force se réjouissait publiquement de ses succès et de ses capacités à régler « seule » les crises.
Le processus engagé n'est pas une simple adaptation des forces car il engage la conception, autour de nouveaux équipements, d'un système fédérateur apte à imposer d'emblée la supériorité américaine sur l'adversaire. De fait, cela suppose une véritable « refondation » axée autour de choix technologiques innovants servis par du personnel dont la formation, l'entraînement et l'adaptation à toutes les situations opérationnelles, constituent des priorités majeures pour le commandement.
Pour comprendre les enjeux de ces réformes, il importe dans un premier temps de voir en quoi les problèmes actuels de l’US Army ont imposé ce choix puis d’analyser le processus de conduite du changement et enfin d’aborder quelles seront les conséquences des projets américains sur les relations avec leurs alliés, notamment européens.
Pourquoi une « nouvelle » US Army ?
L’US Army de 2001, qui découle directement du contexte de la guerre froide, a contribué, pour l’opinion américaine, à gagner cette confrontation directe avec l’ancien adversaire dirigé par l’ex-URSS. De fait, son organisation, ses structures et ses équipements reflètent le concept qui a prévalu depuis 1945 : conduire simultanément deux guerres conventionnelles sur deux théâtres. La clé de voûte du dispositif s’appuyait sur une dissuasion nucléaire orientée contre le pacte de Varsovie.
Depuis la guerre du Golfe et l’effacement de la menace directe venant de Russie, les Américains ont été amenés à s’engager sur de nombreux théâtres : les Balkans, l’Afrique avec la Somalie, mais aussi l’Asie avec la confrontation des deux Corées et la revendication sans cesse affirmée de Pékin sur Taiwan. Le déploiement des forces terrestres américaines correspond à ces engagements majeurs, vitaux pour la sécurité des États-Unis. Cependant, au cours de la décennie qui vient de s’écouler, la présence américaine hors du territoire national a été fortement réduite. Paradoxalement, si l’engagement s’est accru sous les deux présidences Clinton, désormais 70 % des effectifs de l’armée de terre sont déployés dans leurs garnisons, aux États-Unis mêmes.
Pourquoi une « nouvelle » US Army ?
La « refondation » de l’US Army
L’Interim Force
L’Objective Force
La Legacy Force
La « refondation » et les alliés
États-Unis, US Army