La rue, lieu d'agitation, est désormais à prendre en compte dans l'analyse de la politique internationale. Exemples : intifada , pression dans les pays de l'est européen avant leur libération, émeutes diverses conduisant au renversement des hommes en place ; s'y ajoutent des attentats contre des chefs d'État et des personnalités marquantes. D'énormes masses humaines sont mises en jeu, qu'il est souvent difficile de ramener à la raison. La rue est utilisée maintenant pour montrer l'intérêt que l'opinion attache à des questions d'ordre international (défense des droits de l'homme, soutien ou réprobation des actes de gouvernements étrangers, manifestations contre le terrorisme).
Politique et diplomatie - La rue, nouvelle vedette de la scène internationale
La stratégie des agitateurs se perfectionne. Sollicités, les médias jouent leur partition avec des tonalités de leur choix. Des agents provocateurs remplissent leur rôle. Les amitiés au-delà des frontières sont mises à contribution.
Jadis, lors des combats en rase campagne menés sans grand équipement, on appelait l’infanterie « reine des batailles ». Or celles-ci, maintenant, ont lieu à l’intérieur des agglomérations plutôt que dans la vaste nature. Le lieu des combats n’étant plus le même, la stratégie et la tactique en sont modifiées, et, en outre, la multitude de civils participant ou non aux opérations engendre d’impérieuses contraintes, plus lourdes que dans des zones peu habitées. Le fait est bien connu, mais un autre aspect des réalités présentes mérite examen : dans nos sociétés démocratiques, les rapports de forces — sociaux et diplomatiques — étant devenus plus politiques que militaires, l’attention se porte, souvent en priorité, sur l’attitude des populations et les sentiments qu’elles expriment, avec modération ou dans la violence, en descendant dans la rue. Celle-ci est ainsi devenue, par son agitation et ses débordements, la reine des batailles au goût de notre époque.
Jamais ce qui s’y passe n’a joué un rôle aussi marquant, n’a été aussi observé, et finalement aussi toléré voire approuvé. Jamais, à ce point, sa force brute n’a eu sur la faiblesse autant d’effrayante fascination. La rue est ainsi devenue un acteur, parmi les plus importants, de l’histoire contemporaine. Dans le passé, les forces de répression l’emportaient presque toujours ; mais la lutte, aujourd’hui, est devenue incertaine. Que l’équilibre d’une nation vienne à se rompre au détriment de la légalité, et c’est peut-être la fin du gouvernement, du régime, des grandes options politiques et économiques, en attendant, en fin de compte, un renversement des alliances militaires.
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