Le service des phares français dans la paix et dans la guerre
C’est à Napoléon Ier que le Service des Phares doit, comme tant de nos plus fortes institutions nationales, ses origines et sa physionomie. Jusqu’au grand Empereur, et à la suite des phares romains de Fréjus et de Marseille (le Pharo), après la tour d’Ordre de Caligula à Boulogne-sur-Mer, sans omettre les tours successives de Cordouan, dues ou attribuées à Charlemagne, au prince Noir, à Louis de Foix, ce furent les intendants de nos provinces maritimes d’abord, puis le ministre de la Marine à partir de 1792, qui furent chargés de veiller, et d’un peu loin sans doute, sur cette signalisation encore embryonnaire.
Un premier décret impérial du 7 mars 1806 fit passer les « phares, fanaux, feux, balises et amers placés sur les côtes » dans le département du ministre de l’Intérieur, dont relevait alors, et jusqu’en 1830, la direction générale des Ponts et Chaussées. C’est un autre décret de 1811 qui a institué la Commission des Phares, l’une des plus anciennes de France, et d’abord aux seules fins, très modestes, d’étudier la répartition, le long du littoral, des rares caractères de feux admissibles à l’époque. Ce texte mémorable appela à siéger autour d’une même table des amiraux, des inspecteurs généraux des Ponts et Chaussées et un ou deux membres de l’Académie des Sciences ; cette idée impériale rapprochait ainsi les points de vue des navigateurs les plus qualifiés, des maîtres es constructions civiles et ceux du physicien, dont les vastes champs d’action devaient avoir tant de prix pour la technique de la signalisation maritime.
La composition de cette Commission ne devait pas être modifiée avant 1929, où il convint de faire place aux vues de la navigation commerciale rapide, un peu différentes de celles de la Marine militaire, aux représentants de notre empire d’outre-mer et de l’aviation civile car cette dernière utilise, en certains cas, nos établissements, et son équipement lumineux particulier ne doit pas interférer avec le nôtre. L’un des premiers titres honorables que se soit acquis la Commission de 1811, fut de se considérer comme hors d’état de jouer la tâche d’exécution qui s’imposait alors, à moins de s’adjoindre un technicien capable de réaliser ses intentions. Sur la suggestion d’Arago, l’un des membres savants de la Commission, cet agent d’exécution fut, à partir de 1819, l’ingénieur des Ponts et Chaussées et du Pavé de Paris Augustin Fresnel, déjà connu pour ses beaux travaux sur la lumière. Ce fut là comme une seconde création pour le Service des Phares, qui se développa à partir de ce nouvel élément et en garde une marque durable.
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