Les Grandes questions internationales depuis la chute du mur de Berlin
Thierry Garcin – nos lecteurs le savent puisque son œuvre est déjà importante –, est docteur en sciences politiques, ancien de l’IHEDN et producteur sur France Culture de l’émission quotidienne intitulée « Les enjeux internationaux ». Aujourd’hui, puisqu’il enseigne aussi dans plusieurs universités parisiennes et au Centre d’études diplomatiques et stratégiques, il nous présente un manuel à l’usage des étudiants en relations internationales, qui résume ses réflexions sur les « Grandes questions internationales » depuis la chute du mur de Berlin, comme l’annonce le titre qu’il a adopté.
Il ne peut être question de tenter de résumer ici un ouvrage d’une telle ampleur, puisqu’il expose de façon détaillée « les bouleversements internationaux de 1989-1991 », le rôle joué depuis par « les États-Unis unique superpuissance », ainsi que les « tentatives de recomposition régionale », et le « rôle des organisations internationales ». Nous nous arrêterons rapidement sur les deux « parties » qui peuvent intéresser particulièrement les lecteurs de cette revue, puisqu’elles traitent respectivement des « grands facteurs de déstabilisation » et de « la défense dans les rapports de force internationaux ». Dans la première, notre auteur constate la « multiplication des conflits identitaires », le développement des « revendications religieuses dans les luttes politiques » et celui des « migrations et mouvements de population ». Face à ces menaces, la partie consacrée à la défense analyse d’abord « les conséquences de la fin des rapports Est-Ouest », à propos desquelles elle s’interroge sur « le nouveau statut de l’arme nucléaire » et le rôle de « l’espace comme enjeu stratégique », avant de se poser la question (puisque chacun des chapitres se termine par une question que l’auteur se pose à lui-même) : « La stratégie de dissuasion est-elle exportable en Asie ? », à laquelle il répond, comme nous-même, par le doute. Il traite ensuite de « la réforme de l’Otan », dans laquelle il distingue, depuis la fin de la guerre froide, quatre « tournants » ; le cinquième étant en cours avec les tentatives visant à la mise en place d’une « Europe de la défense », au succès desquelles l’auteur exprime son scepticisme. Il en est de même de la « multiplication des actions extérieures », à laquelle il consacre un chapitre.
L’ouvrage se termine par deux « parties » qui méritent aussi de retenir l’intérêt des lecteurs de cette revue. La sixième partie traite en effet du « rôle des organisations internationales » dans les « opérations de maintien de la paix », et à ce propos, comme, il se doit, de « la problématique et de la pratique de l’ingénierie », de la mise en place d’une « justice pénale internationale » et d’une éventuelle « réforme du Conseil de sécurité ». Quant à la septième et dernière partie, elle analyse les réponses possibles à l’interrogation que nous nous posons tous : « balkanisation versus mondialisation » ; et comme pour les autres, elle se termine, par une question, qui est celle qui fut débattue tout récemment, avec plus ou moins de virulence, à Porto Alegre et à Davos : « La mondialisation accroîtra-t-elle les inégalités ? ».
Comme on l’aura constaté, ce livre de Thierry Garcin nous apporte quantité de données de base pour alimenter une réflexion en profondeur sur les problèmes d’actualité auxquels sont confrontées les relations internationales. Si nous ajoutons que son auteur a voulu qu’il soit un « manuel, conçu pour permettre une consultation séquentielle » et « privilégiant les effets de loupe », et qu’à cette fin, il comporte de nombreuses cartes renseignées, encadrés et orientations bibliographiques, ainsi qu’un index très complet, il apparaît qu’il constitue également un précieux ouvrage de référence, pour tous ceux qui s’intéressent aux relations internationales, en particulier dans leurs aspects « défense ». ♦