Depuis quelques années, les armées rencontrent de graves difficultés dans le soutien logistique de leur parc aérien, se traduisant par une chute régulière de la disponibilité des aéronefs, qui ne dépasse pas aujourd’hui 60 %. Si cette situation devait perdurer, elle porterait atteinte à la capacité opérationnelle des forces et pourrait altérer l’image de qualité dont bénéficient à juste titre les produits de l’industrie aéronautique française.

L’analyse de ces difficultés met en évidence un faisceau de causes qui sont de nature très différentes.

Les origines d’une crise

Le paysage industriel aéronautique français a beaucoup évolué au cours des dernières années. À la sortie du deuxième conflit mondial, la renaissance de l’industrie aéronautique s’est accomplie sous l’égide de l’État ; l’aéronautique militaire y prenait une place prépondérante. Cette situation s’est prolongée jusqu’à ce que les programmes civils parviennent à s’imposer face au monopole exercé par l’industrie aéronautique américaine, en particulier avec le développement d’Airbus Industries. Aujourd’hui, l’État n’a plus de raison d’assurer le tutorat d’une industrie parvenue à maturité, et son rôle devient celui d’un simple client. Cette évolution a pour conséquence un certain désintérêt des industriels à l’égard de l’aéronautique militaire au profit du secteur civil. Elle se traduit aussi par un recours systématique à la mise en concurrence et à la négociation, source de délais.