The strategic rupture of the 90s induced a change in France's position within NATO. Although it is still not part of the integrated command structure, it has become one of the most significant actors for the operations of the Alliance. After several attempts to compete with it or to reintegrate it, it is time we draw lessons. For the benefit and the cohesion of Europe, the position of France has to be clarified. France will either have to obtain a place matching its real part in the Alliance, or to stop supporting it for the management of crises.
Libre opinion - La relation France-Otan, peut-elle enfin connaître un nouveau départ ?
La France a quitté le commandement intégré de l’Otan en 1966 à une époque où les deux blocs s’affrontaient. Le général de Gaulle avait alors considéré que l’indépendance de la France, en particulier dans le domaine nucléaire, justifiait cette prise de risque. Bien que n’étant pas intégrée à la structure militaire de l’Alliance, la France était un allié fiable. En effet, sa 1re Armée constituait une réserve appréciée, l’essentiel de ses plans d’engagements l’amenant à intervenir au profit de nos Alliés. La force nucléaire française, dont le qualificatif de « tous azimuts » ne trompait personne, était par ailleurs un élément de plus dans le jeu subtil de la dissuasion au profit du bloc occidental. À l’époque donc, la France, membre de l’Alliance mais ne faisant pas partie de la structure militaire intégrée, était un allié à choyer, car de fait, elle était sa réserve.
La chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique ont fait croire un instant à l’obsolescence de l’Alliance. Sans vraiment l’avouer, ce fut alors le souhait des autorités françaises qui voyaient avec sa disparition la possibilité de donner une chance supplémentaire à un monde multipolaire où la France pourrait jouer un rôle à la mesure de ses ambitions. Une tentative de revitalisation de l’UEO (Union de l’Europe occidentale) fut alors entreprise, pour essayer d’en faire le « bras armé » de l’Europe. L’opposition claire des Britanniques voua cette tentative à l’échec. Malgré les efforts français, l’UEO fut limitée à des actions secondaires (embargo en Adriatique, police sur le Danube et à Mostar). Cette marginalisation devait plus tard conduire à sa disparition lors de la création de la Politique européenne commune de sécurité et de défense (PECSD). Premier rendez-vous manqué.
La crise yougoslave a ramené l’Otan sur le devant de la scène. Depuis six ans, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord se reconvertit dans la gestion des crises en faisant des Balkans son laboratoire. Les États-Unis ont conforté leur position d’« hyperpuissance » et utilisent cet outil pour imposer leur commandement des opérations en Europe, avant de s’en servir éventuellement ailleurs. L’omniprésence de l’Otan dans la gestion des crises et donc la place éminente qu’elle occupe dans le système de défense européen a, semble-t-il, amené la France à changer de tactique trente-cinq ans après la rupture voulue par le général de Gaulle. On assiste alors à une tentative de réintégration, dont l’approche peut se résumer ainsi : puisque l’Otan a non seulement survécu à la mort de sa raison d’être (le pacte de Varsovie), et a démontré la place prépondérante qu’elle occupe en Europe (règlement des crises et élargissement), rentrons dans le système pour pouvoir influer sur celui-ci de l’intérieur. Des propositions ont été faites dans le cadre de la réorganisation envisagée par l’Otan, toutefois, les propositions françaises concernant le commandant régional Sud (Cincsouth) ont été rejetées par les Américains, ceux-ci privilégiant ce commandement (gestion de la crise balkanique et commandement de la flotte américaine en Méditerranée). Cette première tentative de réintégration (1996) s’est achevée par le blocage que l’on sait. Deuxième rendez-vous manqué.
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