Les Berbères (en tout une vingtaine de millions) sont fiers d'une identité qu'ils ont souvent du mal à faire respecter. En Kabylie, ont eu lieu des manifestations de protestation contre l'arabisation, et le malaise persiste. La revendication principale porte sur le statut de la langue berbère. Au Maroc, en dehors de toute agitation, une plus large place lui a été accordée. Les Touareg ont lutté pendant longtemps pour obtenir une amélioration de leur sort dans les États du Sahel.
Politique et diplomatie - Les Berbères
Il est des questions identitaires qui, longtemps oubliées, refont surface de temps à autre. Des commentateurs intéressés voudraient nous faire croire qu’elles se réduisent à un vague passé historique, à des archaïsmes ethnologiques, à un charmant folklore. Au contraire, elles sont fort vivantes et concernent des peuples qui entendent défendre leur personnalité. C’est dire que leur contenu politique n’est pas niable. Tel est le cas pour le monde berbère.
Celui-ci continue à occuper de larges pans du Maghreb et du Sahel et, dans sa plus grande expansion, s’étendait jusqu’aux confins de l’Égypte. Il a sa place dans l’histoire. Des tribus berbères ont participé aux guerres puniques derrière Masinissa, ennemi puis allié des Romains. Le roi numide Jugurtha ne craignit pas d’affronter les légions. Premier d’une lignée impériale dont l’avènement marqua le début du Bas-Empire, Septime Sévère était Berbère, comme, des années plus tard, saint Augustin. La conquête arabe se fit avec difficulté mais, sauf dans les régions d’accès malaisé, l’arabisation et l’islamisation finirent par s’imposer. L’originalité des Berbères continua cependant à se marquer par des affiliations religieuses qui mettaient en valeur la simplicité de la religion des origines, soit en dehors du sunnisme soit à l’intérieur de celui-ci par le biais d’un extrême puritanisme. Pendant une partie du Moyen Âge, leurs royaumes d’Espagne furent un phare de la civilisation.
Ce n’est pas une tâche aisée d’évaluer le poids démographique des Berbères, en raison principalement du métissage culturel. Ceux du Maroc représentent un peu plus du tiers de la population (dans l’Atlas, dans le Sous et dans le Rif), et ceux d’Algérie au moins le cinquième (en Kabylie, dans les Aurès, au Mzab, sans oublier les émigrés de l’intérieur et les expatriés). Ailleurs en Afrique du Nord, des îlots subsistent en Tunisie, en Libye, en Egypte et en Mauritanie. Les Touareg, certes largement métissés, se trouvent au nombre d’environ un million (dont les deux tiers au Niger), nomadisant au Sahel, plus précisément du sud de l’Algérie et de la Libye jusqu’au Niger, au Mali et au Burkina Faso. En tout, on peut évaluer l’effectif des Berbères à une vingtaine de millions, si l’on y inclut ceux qui, sans renoncer à leur langue, se sont arabisés.
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