Cher porte-avions
Rédigé sous une forme délibérément impersonnelle et quelque peu romancée, le livre du capitaine de vaisseau Jean-Louis Thuille relate, en vérité, les souvenirs les plus marquants de sa carrière d’officier de marine, en particulier des années qu’il a vécues à bord de nos porte-avions.
Le titre qu’il a choisi résume bien l’attachement et l’intérêt qu’il éprouve pour ce type de bâtiment. Il en est, de longue date, un inlassable promoteur et, le cas échéant, un ardent défenseur, en raison de l’importance majeure que ce genre de navire polyvalent présente pour l’efficacité de nos forces navales, dans un éventail d’opérations très étendu. L’histoire des porte-avions, depuis quelque quatre-vingts années qu’ils sont apparus dans les principales marines du monde, l’illustre abondamment.
Sans doute, de nombreux autres ouvrages ont-ils été déjà rédigés sur ces bâtiments du point de vue technique, opérationnel ou historique ; mais l’originalité de ce livre réside en outre dans la manière dont l’auteur fait ressortir, avec une grande justesse de ton, les aspects humains et psychologiques de la vie que mènent à bord plusieurs centaines d’hommes. Du commandant au matelot, en passant par les équipages des avions embarqués, tous sont tendus vers la réussite de l’action lorsqu’elle se déclenche, mais se retrouvent simplement hommes quand celle-ci prend fin.
On trouvera aussi dans ce livre un certain nombre de souvenirs relatifs à d’autres événements, parfois dramatiques, auxquels Jean-Louis Thuille a été mêlé, dès l’École navale et, par la suite dans diverses circonstances : son évasion de France à travers les Pyrénées en 1943, son affectation à bord de l’aviso La Grandière, ses années passées dans les écoles de pilotage, puis dans les flottilles de l’aéronautique navale, en Indochine, en Algérie et ailleurs.
Sur ce passé très riche, il porte un regard pénétrant et lucide, dans un style remarquablement fluide et clair, à travers lequel transparaît une personnalité profondément humaine et généreuse. ♦