Alors que l'unilatéralisme s'impose comme une dominante de la politique étrangère américaine, le multilatéralisme demeure bien l'un des mouvements de fond du système mondial, porté à la fois par la formidable efficacité de la machine à produire des richesses, la multiplication des interdépendances et la diffusion des principes démocratiques. Dans la pratique, unilatéralisme et multilatéralisme sont voués à être associés dans des mélanges variables et changeants, le champ international restant régi par des rapports de force entre États souverains et inégaux, tout en commençant d'esquisser quelque chose comme une société interétatique. L'unilatéralisme s'inscrit dans l'univers de la guerre, le multilatéralisme dans celui de l'échange. Le multilatéralisme a besoin de prospérité. Que surviennent des difficultés graves, les États privilégient leurs atouts propres et pratiquent, dans la mesure de leur force, l'unilatéralisme. Il n'en demeure pas moins que le multilatéralisme, tout en étant condamné à être très imparfait, est dans la logique de la démocratisation de l'ordre international, cette démocratisation, pour être pacifique, requérant un contrat entre les États, fixant pour tous des droits et des devoirs égaux sous le contrôle d'autorités incontestables.