Alors que la fin de la guerre froide n'a pas provoqué un changement radical dans l'organisation des relations internationales, l'intervention américaine en Afghanistan a marqué un virage brutal. Désormais, ce n'est plus l'Europe occidentale qui constitue l'enjeu majeur de la politique américaine, mais une zone allant de la Turquie jusqu'au Japon ; le système d'armes employé contre les taliban a creusé un fossé entre les Américains et leurs alliés aussi bien que leurs ennemis ; l'Otan a perdu son intérêt militaire ; et les États-Unis réorientent leur politique de bases à l'étranger.
L'Union européenne compte quatre pays neutres, deux hésitants et une demi-douzaine d'États qui n'entendent pas être impliqués dans des conflits hors d'Europe. Seules, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne veulent jouer un rôle dans les autres parties du monde, mais sans pouvoir définir une politique commune. Les pays européens voudront-ils assurer la sécurité de l'Europe ? Seuls ou avec les États-Unis ? Voudront-ils maintenir une intervention de l'Alliance atlantique ailleurs qu'en Europe ? Quelle place alors entendent-ils occuper aux côtés des Américains ?
C'est pour la France que ces interrogations seront les plus délicates : veut-elle maintenir une influence sur les autres continents ? Avec quels objectifs ? Dans quel type de conflits ? Avec quels alliés ? Ce sont les réponses à ces questions qui devraient orienter les systèmes d'armes des vingt prochaines années.
Après les combats, il faut reconstruire une société civile dans des pays désorganisés, où les structures sociales, souvent rudimentaires, ont été démantelées. Les États-Unis refusent actuellement de s'en charger. L'Europe pourrait au contraire y trouver un champ d'action à sa mesure, où les militaires ont un rôle primordial à jouer. C'est là que s'écrira l'histoire de l'avenir.