L'Iran est un des trois pays qui, avec l'Irak et la Corée du Nord, sont dénoncés depuis longtemps par les États-Unis comme ayant été des « États voyous », et appartenant maintenant à l'« axe du mal ». La principale raison évoquée est qu'ils ont en développement des armes dites « de destruction massive ». Dans la conjoncture actuelle, il paraît intéressant d'essayer de faire le point des programmes de l'Iran en la matière.
On constate alors que, si celui-ci a bien en développement un programme nucléaire, il ne peut être pour le moment qu'à finalité civile, et ne pourrait devenir militaire, dans moins de dix ans, qu'avec une aide active de la Russie. On constate aussi que l'Iran a en développement un programme de missiles balistiques à finalité militaire, mais seulement à moyenne portée, et cela avec l'aide de la Corée du Nord et de la Chine. L'interrogation qui surgit alors est : pour quoi faire ? La réponse paraît être que l'Iran, se rappelant qu'il a été autrefois la Perse, a encore des ambitions de puissance régionale, lesquelles peuvent s'appuyer actuellement sur une population laborieuse et patriote, ainsi que sur les moyens financiers que lui garantissent sa richesse en pétrole et en gaz naturel ; mais l'orientation future de ses décisions stratégiques reste douteuse par suite de l'ambiguïté de sa situation politique intérieure. Il paraît clair cependant, qu'à horizon prospectif, les armements de l'Iran ne peuvent pas constituer une menace directe pour les États-Unis ; et l'évocation qu'ils en font souligne alors l'amalgame que permet l'emploi du vocable « armes de destruction massive ». Pour nous, le cas de l'Iran est cependant intéressant pour deux raisons : il nous donne l'occasion de réfléchir aux conséquences possibles de la situation hautement conflictuelle qui existe actuellement en Asie centrale et au Proche-Orient, et aussi à celle qui se dessine à plus long terme dans le reste de l'Asie ; plus précisément, l'occasion de réfléchir simultanément à l'avenir des deux concepts stratégiques qu'ont été pendant la guerre froide, la « maîtrise des armements » et la « dissuasion nucléaire ».
Depuis longtemps l’Iran était dénoncé par les États-Unis, avec l’Irak et la Corée du Nord, comme un « État voyou » (Rogue State), l’appellation ayant été atténuée depuis peu pour devenir « État préoccupant » (State of Concern), avant de redevenir lors du tout récent discours du président américain sur l’État de l’Union, celle d’État appartenant, toujours avec les deux mêmes autres, à l’« axe du mal » (Axis of Evil) ; et cette accusation fut suivie de la part de commentateurs américains autorisés, par l’évocation d’éventuelles actions préventives (preemptives) à l’égard des pays en question.
Or il se trouve que, tout récemment aussi, sont intervenus plusieurs épisodes concernant plus précisément les relations des États-Unis et de l’Iran, ainsi que les projets qu’aurait ce dernier pour se doter d’« armes de destruction massive ». Nous rappelons en effet que, la chaîne franco-allemande Arte a diffusé un débat qui s’efforçait de démontrer que, dans les années 70, la France aurait aidé l’Iran dans ses projets pour se doter de l’arme nucléaire. Pendant le même temps, un scientifique russe a révélé publiquement que son pays avait, dans les années 90, aidé l’Iran à développer ses capacités en missiles balistiques. Au début de février enfin, le secrétaire à la Défense des États-Unis a accusé l’Iran d’avoir aidé les taliban en Afghanistan et de leur donner maintenant asile, alors que, de son côté, le ministre des Affaires étrangères d’Israël l’accusait d’aider les milices Hezbollah en leur fournissant des missiles tactiques.
L’Iran serait donc redevenu l’ennemi des États-Unis, aussi nous a-t-il paru pouvoir être intéressant d’essayer de faire le point de ses capacités effectives, à court et à moyen terme, en « armes de destruction massive » puisque c’est là le principal risque mis désormais en avant pour justifier la vindicte américaine, et aussi la nécessité pour les États-Unis d’accélérer leur programme de « défense nationale antimissiles » (NMD). Ce risque concernerait également, et pour nous surtout, les voisins plus ou moins proches de l’Iran, et par suite la stabilité dans cette région dont l’importance est capitale pour l’ensemble du monde.
Rappel historique
Aperçu géopolitique
La tentation nucléaire
L’ambition balistique
Évaluation des risques
Conclusions personnelles