La montée récente de la tension en Asie du Sud, à propos du Cachemire, a accentué les préoccupations de la communauté internationale tant les conséquences d'une escalade du conflit entre l'Inde et le Pakistan, qui disposent tous deux de la capacité nucléaire, pourraient être dévastatrices. La construction d'une dissuasion véritable à l'échelle régionale, loin d'être acquise, doit être consolidée. La situation en Asie du sud, aussi potentiellement dangereuse soit-elle, n'est pourtant que l'un des points de focalisation de la question nucléaire à l'échelle du continent asiatique.
En Asie du Nord-Est, la Corée du Nord, qui menace régulièrement de se retirer du cadre agréé avec les États-Unis en 1994, reste une source de préoccupation à ne pas sous estimer, toute dégradation sérieuse de la situation pouvant entraîner une révision des doctrines de défense des principaux voisins de Pyongyang, au premier rang desquels le Japon. Enfin, les projets américains de défense antimissiles et leur application éventuelle au niveau régional, notamment à Taïwan, sont lourds d'implications ; notamment par rapport à une Chine qui reste un facteur potentiel majeur de déstabilisation. Plus peut-être en Asie que sur aucun autre continent, le « fait nucléaire » peut ainsi à bien des égards être considéré comme structurant les rapports de force et les équilibres stratégiques. La question de savoir s'il constitue un facteur de retenue et d'apaisement des tensions, ou à l'inverse de menace accrue, reste à ce stade sans réponse en l'absence d'une perspective crédible d'établissement d'un système institutionnel de sécurité régionale.