Constatant l'impuissance des Nations unies, incapables d'imposer une paix démocratique, l'auteur analyse les conditions nécessaires pour que la paix s'établisse et se maintienne. L'exemple de l'Europe de l'après-guerre montre qu'il faut qu'elle soit imposée par le vainqueur qui définit le nouvel ordre, d'où la notion de paix impériale, en attendant qu'un « policier démocratique » se substitue au « gendarme impérial ».
Politique et diplomatie - Paix démocratique, paix impériale
Comment faire la paix ? Telle est la question qui hante le Proche-Orient et bien d’autres régions du monde. Pourquoi cette paix, qui paraît à portée de la main, s’évanouit-elle dès qu’elle est sur le point de se matérialiser ? Au-delà de tous les enjeux propres du conflit, il y a bien une interrogation plus générale sur la paix. Qu’est-ce que la paix aujourd’hui ? À quelles conditions est-elle possible ?
Depuis les ruptures politiques des XVIIe-XVIIIe siècles (intermède de Cromwell en Angleterre, révolte des Treize Colonies américaines, Révolution française), l’Europe puis l’Occident ont bien un projet de paix, qui ne cesse d’être débattu et approfondi. C’est la paix d’Emmanuel Kant ou, plus tard, du président Wilson. Le but est d’établir, dans l’ordre international, ce qui est entrepris, depuis la cassure de la Renaissance, au sein des sociétés européennes et d’abord en Angleterre. La paix sociale sera construite par et sur un pacte entre les unités du corps social, les individus dans une « nation », les États dans le système international. Ce contrat fondateur fixe les valeurs communes, ainsi que les règles du jeu entre les parties prenantes ; surtout il institue un « Léviathan » (selon le vocabulaire du philosophe Thomas Hobbes), en clair un policier capable de maintenir l’ordre ou de le rétablir en cas de désordre ou de violation de l’ordre. L’Organisation des Nations unies est bien la concrétisation de ce projet, avec sa Charte et son gendarme, le Conseil de sécurité.
Parallèlement, avec la révolution industrielle et sa dynamique, l’Occident trouve le remède magique pour mettre fin aux antagonismes : la croissance économique, l’enrichissement continu des peuples. Grâce aux interactions entre multiplication des échanges et développement des richesses, les hommes, n’ayant plus à se disputer sans fin des ressources limitées (principalement les territoires), se donnent une perspective commune, avec ces surplus à créer et à redistribuer. Le progrès scientifique et technique, l’industrie (dans le sens le plus large du terme) ont bien l’immense mérite de faire du monde fini un monde infini, la capacité de création de richesses étant illimitée, puisque dépendant en définitive de l’inventivité, de l’imagination des hommes.
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