À la suite du 11 septembre, on a vu s'exprimer différentes positions qui enterrent bien vite la dissuasion. Celle-ci n'a pas été faite pour répondre au terrorisme et l'arme nucléaire n'a jamais été l'arme absolue. Elle reste cependant l'arme ultime dans les situations extrêmes et on ne peut malheureusement pas prédire que ces situations ne se produiront jamais. Les armements nucléaires ont mis des décennies à être élaborés, une très grande prudence s'impose avant de les abandonner. Enfin, la publication récente aux États-Unis des travaux de la Nuclear Posture Review incitent également à un débat sur ce sujet.
La dissuasion nucléaire française après le 11 septembre
En termes de stratégie, l’essentiel est de paralyser, non de tuer.
Comte de Guibert, 1779
Sans aller jusqu’à annoncer, comme certains, que le changement de siècle s’est opéré le 11 septembre, les attentats sont un événement qui aura des répercussions à long terme. Ils constituent un précédent indéniable dans l’ampleur et le mode opératoire du terrorisme et mettent en évidence la vulnérabilité de nos sociétés. Le terrorisme a changé d’échelle, même si en France nous avions déjà connu des vagues d’attentats meurtrières au milieu des années 80 et 90. Face à ces attentats massifs, aucune des protections possibles à même de nous en préserver, ne doit être exclue. La dissuasion, qui n’a pas été faite pour répondre au terrorisme, reste un des moyens de prévention dont la mise sur pied a pris des décennies et qui ne doit être abandonné sans une grande prudence.
Dans les esprits, le concept de dissuasion s’est construit à partir des associations URSS-dissuasion et dissuasion-nucléaire. Or l’URSS a disparu pour laisser place à la Russie et surtout ces deux liens viennent d’être contestés. Le premier est fragilisé par le rapprochement actuel entre la Russie et le monde occidental qui a été une des conséquences inattendues de la lutte antiterroriste. Le second, qui associe dissuasion et nucléaire, risque de perdre en crédibilité du fait de la Nuclear Posture Review américaine, qui traduit une réduction de la posture nucléaire : la dissuasion nucléaire américaine ne deviendrait qu’un des éléments de la nouvelle triade dissuasive qui comprend également la « dissuasion conventionnelle » et la défense antimissiles.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article