Ce livre est, en fait, les actes du colloque organisé par Sophie de Lastours à l’historial de Péronne en mars 2001, colloque qui a permis un tour d’horizon très complet de la situation actuelle de la cryptographie militaire.

Dans la mesure du possible, car manifestement tout ne peut pas encore être dit de ce qui s’est passé pendant le siècle dernier, les conférenciers de l’ARCSI (Association des réservistes du chiffre et des systèmes d’information) font part de leur expérience. L’enchaînement de leurs réflexions sur l’action passée et sur les évolutions attendues indique à peu près clairement où se situent les forces et faiblesses du chiffre français.

Ce colloque a aussi permis des ouvertures des plus intéressantes sur des domaines connexes. Par exemple, les relations entre chiffre et linguistique qui sont désormais théorisées ce qui gomment les cloisonnements entre ces deux sciences ou les parallèles entre la fortification et le chiffre, en s’appuyant sur le cas autrichien, qui nous conduisent dans les sphères de la géopolitique et de l’histoire. Sur ce point, la relation mise en lumière entre « défense par la pierre » et « défense par le chiffre » mérite d’être soulignée.

Christian Harbulot s’interroge aussi sur l’intérêt du chiffre : il demande du temps à l’expédition comme à la réception alors que les technologies modernes imposent l’action dans le temps réel. L’attaque par l’information devient alors plus rentable que le renseignement traditionnel.

La contribution de Rémi Kauffer sur le jeu britannique au Moyen-Orient pendant la Première Guerre mondiale revient sur les difficultés à conceptualiser les événements dans cette région suivant qu’on les aborde par l’est ou par l’ouest.

À signaler, enfin, les chapitres de Roland Goetschel sur la kabbale et du général Ribadeau-Dumas sur la cryptologie quantique.

Au total, par son caractère global et les approfondissements qu’il propose, ce livre vivant est à recommander comme introduction aux problèmes historiques et futurs de la cryptographie. ♦